L’adjectif fait partie du langage à la mode.
Il est employé, par exemple, à de très nombreuses reprises dans La Précieuse (1656-1658) de l’abbé de Pure (1) et dans Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry (2).
(1)
Mon Dieu, ma compagne, quelle pauvreté est-ce ci ? comment avons nous passé l’après-midi ? nous n’avons pas ouï dire une chose raisonnable.
(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. I, p. 14)
Son mari était fort raisonnable; mais, comme j’ai dit, il n’était pas le seul au conseil et à la direction de sa femme.
(Ibid., t. II, p. 119.)
[…] j’ai à vous dire que le choix que je fais de ma lecture n’est qu’une suite du dessein que j’ai de me satisfaire par quelque chose de raisonnable qui puisse me frapper l’esprit.
(Ibid., t. II, p. 138)
Cette jeune beauté se défendait contre la présomption et la vanité, par une modestie assez raisonnable […]
(Ibid., Première conversation, p. 185)
[…] Eudoxe reprenant la parole, leur demanda si une femme raisonnable engagée dans les liens du mariage par le choix des siens, sans qu’elle y ait concouru ni contribué que d’un aveugle obéissance.[…]
(Ibid., Cinquième conversation, p. 289.)
(2)
Mais, Seigneur, je ne vis jamais un Prince plus raisonnable que celui-là […]
(II, 1, p. 657)
Je n’ai garde, reprit Mandane, de m’opposer à une civilité raisonnable, pourvu qu’elle ne soit pas trop longue, et qu’elle ne m’empêche pas de partir dans une heure.
(VIII, 1, p. 5099)
[…] je veux qu’on soit propre sans être parée: qu’on ait le plaisir de la conversation raisonnable; qu’on ne songe plus à acquérir des amants, mais qu’on pense à conserver des amis […]
(VIII, 2, p. 5558)
[…] ainsi la danse; les festins, le bal, et les exercices du corps étaient pour Spargapise; mais les promenades galantes, la conversation des dames, et la société raisonnable, étaient pour le prince Aryante, qui était sans doute déjà un des Princes du monde le plus agréable.
(IX, 1, p. 5887)