On est toujours bien aise d’être aimée

« – Je ne vois pas, Madame, que celles qui ne veulent point aimer, doivent prendre aucun intérêt à ces sortes d’offenses. – Ce n’est pas une raison, Seigneur, et sans vouloir aimer, on est toujours bien aise d’être aimée. »
La Princesse d’Elide, III, 4

« À quoi bon de dissimuler ? Quelque mine qu’on fasse, on est, toujours, bien aise d’être aimée : ces hommages à nos appas, ne sont, jamais, pour nous déplaire. Quoi qu’on en puisse dire, la grande ambition des femmes est, croyez-moi, d’inspirer de l’amour. Tous les soins qu’elles prennent, ne sont que pour cela; et l’on n’en voit point de si fière, qui ne s’applaudisse en son coeur des conquêtes que font ses yeux. »
Le Sicilien, sc. 6

Un bref passage de la comédie El desdén con el desdén (1654) de Moreto présente le même échange d’arguments entre les deux héros :

CARLOS
Si vuestra razon infiere
que el que ama hace obligacion,
¿por qué os ofende el que quiere?

DIANA
Porque yo tendré razon
para lo que yo quisiere.

CARLOS
Y ¿qué razon puede ser?

DIANA
Yo otra razon no prevengo
más que quererla tener.

( Deuxième journée, v. 1370-1377)

Cette idée, dont la formulation rappelle celle des maximes d’amour, est défendue par la coquette Artelinde au quatrième livre du Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry :
– [N]e craignez pas de me dire vos raisons, si vous en avez qui puissent me faire voir qu’il y ait un fort grand plaisir à être éternellement obsédée de cent personnes que vous n’estimez point et que vous n’aimez pas, car il n’est pas croyable que vous puissiez aimer en même temps, des hommes blonds ; noirs ; grands ; petits ; sérieux ; enjoués ; incommodes ; agréables ; spirituels ; et stupides : n’étant pas même possible que tant de gens pussent être ensemble dans votre coeur.
– Vous avez raison, reprit Artelinde en riant, aussi vous puis-je assurer, qu’ils ne sont pas pressés en ce lieu là, car je ne les y laisse point entrer.
– Mais pourquoi donc, reprit Cléonice, si vous ne les aimez point, agissez vous comme vous faites ?
Pour avoir le plaisir d’être aimée, répliqua-t-elle, car enfin, Cléonice, ajouta Artelinde, à quoi sert la beauté, si ce n’est à conquêter des coeurs, et à s’établir un empire, où sans sceptre ; sans trône ; et sans couronne ; on a pourtant des sujets et des esclaves ?
(Le Grand Cyrus, IV, 3, p. 2498-2499)

Le moteur de recherche fonctionne par co-occurence, par exemple, la saisie femmes superstition, affichera uniquement les fiches qui comportent les deux termes, et non toutes les pages qui comportent chacun des termes.