Le notaire

« LE NOTAIRE.
Ah ! le voilà ! Bonjour. Me voici tout à point
Pour dresser le contrat que vous souhaitez faire.
ARNOLPHE, sans le voir.
Comment faire ?
LE NOTAIRE.
Il le faut dans la forme ordinaire. »
L’Ecole des femmes, IV, 2 (v. 1039-1041)

Le quiproquo entre Arnolphe et le notaire est commenté

– dans la Zélinde (1663) de Donneau de Visé (1)
– dans Le Portrait du peintre (1663) de Boursault (2)
– dans La Guerre comique (1664) de La Croix (3).

 

L’une des gravures de Jacques Lagniet contenue dans le Recueil des plus illustres proverbes (1663) représente un « notaire ignorant »( p. 55).

 

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(1)

je passe au Notaire, qui est aussi inutile que Chrysalde, et sans lequel, la Pièce se pourrait bien jouer, san qu’il fût nécessaire d’y augmenter, ni diminuer rien. La scène qu’il fait avec Arnoplhe serait à peine supportable, dans la plus méchante de toutes les farces ; et bien qu’elle fasse un jeu au théâtre, elle ne laisse pas de choquer la vraisemblance. Il est impossible qu’un homme parle si longtemps derrière un autre, sans être entendu, et que celui qui ne l’entend pas, réponde jusques à huit fois, à ce qu’on lui dit.
(Zélinde, sc. III, p. 37)

 

(2)

– Est-il rien de si beau que l’endroit du Notaire ?
Et cet endroit charmant qu’on a tant admiré
Avec tout l’Art possible est-il pas digéré ?
Le petit Dialogue est d’une adresse extrême ;
Car ce que dit Arnolphe il le dit en lui-même,
Et les moins délicats sont d’accord sur ce point
Qu’on ne peut pas répondre à ce qu’on entend point ;
Cependant par un jeu dont l’éclat doit surprendre
L’un ne veut pas répondre à ce qu’il doit entendre ;
Et pour des deux côtés faire voir des appâts
L’autre répond sans peine à ce qu’il n’entend pas
(Le Portrait du peintre, sc. VIII, p. 28-29)

 

(3)

ALCIDOR.

Du Comique bon Dieux dans une Pièce sérieuse ! Si j’étais assez imprudent pour faire une telle faute, Molière ne me la pardonnerait pas. J’aimerais autant avoir fait la scène du Notaire de L’École des Femmes dans laquelle Arnolphe n’entend pas ce qu’on lui dit, et où le Notaire répond à ce qu’on ne lui dit pas.

 

PHILINTE.

Cette Scène pèche-t-elle contre la vraisemblance ?

 

ALCIDOR.

Pouvez-vous souffrir qu’Arnolphe réponde si à propos à ce Notaire qu’il n’écoute pas ? Qu’il lui donne occasion de parler de toutes les clauses d’un Contrat de mariage ? Et ce discours qu’Arnolphe fait en lui-même doit-il être entendu de ce Notaire ?

 

PHILINTE.

Ce que dit Arnolphe convient mieux à l’état de ses affaires, qu’aux clauses d’un Contrat de mariage ; Et ce que vous appelez un discours qu’Arnolphe fait en lui-même, ne doit pas être considéré comme un tableau de ses pensées, mais comme de véritables paroles que la rage et le trouble de son esprit lui font proférer. Cela n’est pas sans exemple chez les Anciens, et vous savez mieux que moi que dans l’Andrienne de Térence, Pamphile que son père veut marier contre sa volonté, dit seul plus de trente Vers de suite touchant l’embarras où le met cette proposition, et qu’une fille entend distinctement tout ce discours que sa douleur lui fait tenir.

(La Guerre comique, Dispute quatrième, p. 70-72)

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