Andromède

Table des matières

Molière s’inspire de la structure d’Andromède de Pierre Corneille (1651) pour concevoir la dramaturgie de Psyché. Les principaux points de rencontre sont les suivants:

 

Acte I
Scène 1: « Aux deux princes qui sont les derniers arrivés« 

 

Acte II
Scène 1: « Aux deux princes qui sont les derniers arrivés »
Scène 3: « Ne craignez que pour vous, c’est vous que l’on doit plaindre »
Scène 4: « Madame, et qu’on vous laisse apprendre de sa bouche »
Scène 4: « Qui dans le coeur d’un roi montrent de la faiblesse »
Scène 5: « Allez mourir, rivaux d’un dieu jaloux »

 

Acte III
Scène 1: « Enfin seule et toute à moi-même » et « Monstre qui dois me déchirer »

 

Acte IV
Scènes 2 et 3: « Vivez, belle princesse, et vivez pour un autre »

 

Acte V
Scène 8: « La fête des noces de l’Amour »

 

 

 

ANDROMÈDE

 

TRAGÉDIE
Représentée avec les machines sur le théâtre royal de Bourbon.
1651

 

 

ACTEURS DU PROLOGUE.

LE SOLEIL.
MELPOMÈNE.
Choeur de peuple.

 

ACTEURS DE LA TRAGEDIE.

JUPITER.
JUNON.
NEPTUNE.
MERCURE.
VÉNUS.
ÉOLE.
CYMODOCE, EPHYRE, CYDIPPE, Néréides.
Huit vents.

 

CÉPHÉE, Roi d’Ethiopie, père d’Andromède.
CASSIOPE, Reine d’Ethiopie.
ANDROMÈDE, fille de Céphée et de Cassiope.
PHINÉE, Prince d’Ethiopie.
PERSÉE, fils de Jupiter et de Danaé.
TIMANTE, Capitaine des gardes du roi.
AMMON, ami de Phinée.
AGLANTE, CÉPHALIE, LIRIOPE, Nymphes d’Andromède.
Un page de Phinée.
Choeur de peuple.
Suite du roi.
Suite de la reine.

La scène est en Ethiopie, dans la ville capitale royaume de Céphée, proche la mer.

 

DECORATION DU PROLOGUE

L’Ouverture du théâtre présente de front aux yeux des spectateurs une vaste montagne, dont les sommets inégaux, s’élevant les uns sur les autres, portent le faîte jusque dans les nues. Le pied de cette montagne est percé à jour par une grotte profonde qui laisse voir la mer en éloignement. Les deux côtés du Théâtre sont occupés par une forêt d’arbres touffus et entrelacés las uns dans les autres. Sur un des sommets de la montagne paraît Melpomène, la Muse de la Tragédie, et à l’opposite, dans le Ciel, on voit le Soleil s’avancer dans un char tout lumineux, tiré par les quatre chevaux qu’Ovide lui donne.

TRAGÉDIE

 

PROLOGUE

 

LE SOLEIL, MELPOMÈNE, Choeur de PEUPLE.

 

MELPOMÈNE.
Arrête un peu ta course impétueuse,
Mon Théâtre, Soleil, mérite bien tes yeux
Tu n’en vis jamais en ces lieux
La pompe plus majestueuse :
J’ai réuni, pour la faire admirer,
Tout ce qu’ont de plus beau la France et l’Italie
De tous leurs Arts mes soeurs l’ont embellie :
Prête-moi tes rayons pour la mieux éclairer.
Daigne à tant de beautés, par ta propre lumière
Donner un parfait agrément,
Et rends cette merveille entière
En lui servant toi-même d’ornement.

 

LE SOLEIL.
Charmante Muse de la scène,
Chère et divine Melpomène,
Tu sais de mon destin l’inviolable loi ;
Je donne l’âme à toutes choses,
Je fais agir toutes les causes;
Mais quand je puis le plus, je suis le moins à moi;
Par une puissance plus forte
Le char que je conduis m’emporte :
Chaque jour sans repos doit et naître et mourir.
J’en suis esclave alors que j’y préside ;
Et ce frein que je tiens aux chevaux que je guide
Ne règle que leur route, et les laisse courir.

 

MELPOMÈNE.
La naissance d’Hercule et le festin d’Atrée
T’ont fait rompre ces lois ;
Et tu peux faire encor ce qu’on t’a vu deux fois
Faire en même contrée.
Je dis plus, tu le dois en faveur du spectacle
Qu’au monarque des lis je prépare aujourd’hui ;
Le ciel n’a fait que miracles en lui,
Lui voudrais-tu refuser un miracle?

 

LE SOLEIL.
Non, mais je le réserve à ces bienheureux jours
Qu’ennoblira sa première victoire;
Alors j’arrêterai mon cours
Pour être plus longtemps le témoin de sa gloire.
Prends cependant le soin de le bien divertir,
Pour lui faire avec joie attendre les années
Qui feront éclater les belles destinées
Des peuples que son bras lui doit assujettir.
Calliope ta soeur déjà d un oeil avide
Cherche dans l’avenir les faits de ce grand Roi,
Dont les hautes vertus lui donneront emploi
Pour plus d’une Iliade et plus d’une Enéide.

 

MELPOMÈNE.
Que je porte d’envie à cette illustre soeur,
Quoique j’aie à craindre pour elle
Que sous ce grand fardeau sa force ne chancèle!
Mais, quel qu’en soit enfin le mérite et l’honneur, »
J’aurai du moins cet avantage
Que déjà je le vois, que déja je lui plais,
Et que de ses vertus, et que de ses hauts faits
Péjs dans ses pareils je lui trace une image.
Je lui montre Pompée, Alexandre, César,.
Mais comme des Héros attachés à son char ;
Et tout ce haut éclat où je les fais paraître
Lui peint plus qu’ils n’étaient, et moins qu’il ne doit être.

 

LE SOLEIL.
Il en effacera les plus glorieux noms
Dès qu’il pourra lui-même animer son armée ;
Et tout ce que d’eux tous a dit la renommée
Te fera voir en lui le plus grand des Bourbons.
Son père et son aïeul tout rayonnants de gloire,
Ces grands rois qu’en tous lieux a suivi la victoire,
Lui voyant emporter sur eux le premier rang,
En deviendraient jaloux s’il n’était pas leur sang.
Mais vole dans mou char, muse ; je veux t’apprendre
Tout l’avenir d’un roi qui t’est si précieux.

 

MELPOMÈNE.
Je sais déjà ce qu’on doit en attendre,
Et je lis chaque jour son destin dans les Cieux.

 

LE SOLEIL.
Viens donc, viens avec moi faire le tour du Monde ;
Qu’unissant ensemble nos voix,
Nous fassions résonner sur la Terre et sur l’Onde
Qu’il est et le plus jeune et le plus grand des Rois.

MELPOMÈNE.
Soleil, j’y vole; attends-moi donc de grâce,

 

LE SOLEIL.
Viens, je t’attends, et te fais place,

Melpomène vole dans le char du Soleil, et y ayant pris place auprès de lui, ils unissent leurs voix, chantant cet-air à la louange du roi. Le dernier vers de chaque couplet est répété par le choeur de la musique.

 

Cieux, écoutez, écoutez, mers profondes ;
Et vous, antres et bois
Affreux déserts, rochers battus des ondes,
Redites après nous d’une commune voix,
Louis est le plus jeune et,le plus grand des Rois,
La Majesté qui déjà l’environne
Charme tous ses Français ;
Il est lui seul digne de sa Couronne;
Et quand même le Ciel l’aurait mise à leur choix,
Il serait le plus jeune et le plus grand des rois.
C’est à vos soins, Reine, qu’on doit la gloire
De tant de grands exploits;
Ils sont partout suivis de la victoire;
Et l’ordre merveilleux dont vous donnez ses lois
Le rend et le plus jeune et le plus grand des Rois.

 

LE SOLEIL.
Voilà ce que jeudis sans cesse
Dans tout mon large tour.
Mais c’est trop retarder le jour,
Allons, Muse, l’heure me presse,
Et ma rapidité
Doit regagner le temps que sur cette Province
Pour contempler ce prince
Je me suis arrêté.

Le Soleil part avec rapidité, et enlève Melpomène avec lui dans son char, pour aller publier ensemble la même chose au reste de l’Univers.

 

FIN DU PROLOGUE.

 

DECORATION DU PREMIER ACTE.

Cette grande masse de montagnes et ces rochers élevés les uns sur les autres qui la composaient, ayant disparu en un moment par un merveilleux artifice, laissent voir en leur place la Ville capitale du Royaume de Céphée, ou plutôt la Place publique de cette Ville. Les deux côtés et le fond du Théâtre sont des Palais magnifiques, tous différents de structure, mais qui gardent admirablement l’égalité et les justesses de la perspective. Après que les yeux ont eu le loisir de se satisfaire à considérer leur beauté, la Reine Cassiope paraît comme passant par cette Place pour aller au Temple : elle est conduite par Persée, encore inconnu, mais qui passe pour un Cavalier de grand mérite, qu’elle entretient des malheurs publics, attendant que le Roi la rejoigne pour aller à ce Temple de compagnie.

 

ACTE PREMIER.

 

SCENE PREMIERE.

 

CASSIOPE, PERSÉE, Suite de la Reine.

 

CASSIOPE.
Généreux inconnu qui chez tous les monarques
Portez de vos vertus les éclatantes marques,
Et dont l’aspect suffit à convaincre nos yeux
Que vous sortez du sang ou des rois ou des dieux,
Aux deux princes qui sont les derniers arrivés
Puisque vous avez vu le sujet de ce crime
Que chaque mois expie une telle victime,
Cependant qu’en ce lieu nous attendrons le roi,
Soyez-y juste juge entre les dieux et moi.
Jugez de mon forfait, jugez de leur colère;
Jugez s’ils ont eu droit d’en punir une mère,
S’ils ont dû faire agir leur haine au même instant.

PERSÉE
J’en ai déjà jugé, reine, en vous imitant;
Et si de vos malheurs la cause ne procède
Que d’avoir fait justice aux beautés d’Andromède,
Si c’est là ce forfait digne d’un tel courroux,
Je veux être à jamais coupable comme vous.
Mais comme un bruit confus m’apprend ce mal extrême,
Ne le puis-je, madame, apprendre de vous-même,
Pour mieux renouveler ce crime glorieux
Où soudain la raison est complice des yeux?

 

CASSIOPE.
Écoutez: la douleur se soulage à se plaindre;
Et quelques maux qu’on souffre ou que l’on ait à craindre
Ce qu’un coeur généreux en montre de pitié
Semble en notre faveur en prendre la moitié.
Ce fut ce même jour qui conclut l’hyménée
De ma chère Andromède avec l’heureux Phinée;
Nos peuples, tout ravis de ces illustres noeuds,
Sur les bords de la mer dressèrent force jeux ;
Elle en donnait les prix. Dispensez ma tristesse
De vous dépeindre ici la publique allégresse;
On décrit mal la joie au milieu des malheurs ;
Et sa plus douce idée est un sujet de pleurs.
O jour, que ta mémoire encore m’est cruelle!
Andromède jamais ne me parut si belle ;
Et, voyant ses regards s’épandre sur les eaux
Pour jouir et juger d’un combat de vaisseaux,
 » Telle, dis-je, Vénus sortit du sein de l’onde,
 » Et promit à ses yeux la conquête du monde
 » Quand elle eut consulté sur leur éclat nouveau
 » Les miroirs vagabonds de son flottant berceau.
A ce fameux spectacle on vit les Néréides
Lever leurs moites fronts de leurs palais liquides,
Et pour nouvelle pompe à ces nobles ébats
A l’envi de la terre étaler leurs appas.
Elles virent ma fille; et leurs regards à peine
Rencontrèrent les siens sur cette humide plaine,
Que par des traits plus forts se sentant effacer,
Éblouis et confus je les vis s’abaisser,
Examiner les leurs, et sur tous leurs visages
En chercher d’assez vifs pour braver nos rivages.
Je les vis se choisir jusqu’à cinq et six fois,
Et rougir aussitôt nous comparant leur choix;
Et cette vanité qu’en toutes les familles
On voit si naturelle aux mères pour leurs filles
Leur cria par ma bouche : « En est-il parmi vous,
 » O Nymphes, qui ne cède à des attraits si doux ?
 » Et pourrez-vous nier, vous autres immortelles,
 » Qu’entre nous la nature en forme de plus belles »?
Je m’emportais sans doute, et c’en était trop dit:
Je les vis s’en cacher de honte et de dépit;
J’en vis dedans leurs yeux les vives étincelles:
L’onde qui les reçut s’en irrita pour elles ;
J’en vis enfler la vague, et la mer en courroux
Rouler à gros bouillons ses flots jusques à nous.
C’eût été peu des flots ; la soudaine tempête,
Qui trouble notre joie et dissipe la fête,
Enfante en moins d’une heure et pousse sur nos bords
Un monstre contre nous armé de mille morts.
Nous fuyons, mais en vain ; il suit, il brise, il tue,
Chaque victime est morte aussitôt qu’abattue.
Nous ne voyons qu’horreur, que sang de toutes parts ;
Son haleine est poison, et poison ses regards :
Il ravage, il désole et nos champs et nos villes,
Et contre sa fureur il n’est aucuns asiles.
Après beaucoup d’efforts et de voeux superflus,
Ayant souffert beaucoup, et craignant encor plus,
Nous courons à l’oracle en de telles alarmes;
Et voici ce qu’Ammon répondit à nos larmes:
 » Pour apaiser Neptune, exposez tous les mois
 » Au monstre qui le venge une fille à son choix ,
 » Jusqu’à ce que le calme à l’orage succède ;
 » Le sort vous montrera
 » Celle qu’il agréera :
 » Différez cependant les noces d’Andromède ».
Comme dans un grand mal un moindre semble doux,
Nous prenons pour faveur ce reste de courroux.
Le monstre disparu nous rend un peu de joie:
On ne le voit qu’aux jours qu’on lui livre sa proie.
Mais ce remède enfin n’est qu’un amusement :
Si l’on souffre un peu moins, on craint également;
Et toutes nous tremblons devant une infortune
Qui toutes nous menace avant qu’en frapper une.
La peur s’en renouvelle au bout de chaque mois;
J’en ai cru de frayeur déjà mourir cinq fois.
Déjà nous avons vu cinq beautés dévorées,
Mais des beautés, hélas! dignes d’être adorées,
Et de qui tous les traits, pleins d’un céleste feu,
Ne cédaient qu’à ma fille, et lui cédaient bien peu;
Comme si, choisissant de plus belle en plus belle,
Le sort par ces degrés tâchait d’approcher d’elle,
Et que, pour élever ses traits jusques à nous,
11 essayât sa force , et mesurât ses coups.
Rien n’a pu jusqu’ici toucher ce dieu barbare ;
Et le sixième choix aujourd’hui se prépare:.
On le va faire au temple; et je sens malgré moi
Des mouvements secrets redoubler mon effroi.
Je fis hier à Vénus offrir un sacrifice,
Qui jamais à mes voeux ne parut si propice;
Et toutefois mon coeur, à force de trembler,
Semble prévoir le coup qui le doit accabler.
Vous donc, qui connaissez et mon crime et sa peine,
Dites-moi s il a pu mériter tant de haine,
Et si le ciel devait tant de sévérité
Aux premiers mouvements d’un peu de vanité.

 

PERSÉE.
Oui, madame, il est juste; et j’avouerai moi-même
Qu’en le blâmant tantôt j’ai commis un blasphème.
Mais vous ne voyez pas, dans votre aveuglement,
Quel grand crime il punit d’un si grand châtiment.
Les Nymphes de la mer ne lui sont pas si chères
Qu’il veuille s’abaisser à suivre leurs colères ;
Et quand votre mépris en fit comparaison,
Il voyait mieux que vous que vous aviez raison.
Il venge, et c’est de là que votre mal procède,
L’injustice rendue aux beautés d’Andromède.
Sous les lois d’un mortel votre choix l’asservit!
Cette injure est sensible aux dieux qu’elle ravit,
Aux dieux qu’elle captive; et ces rivaux célestes
S’opposent à des noeuds à sa gloire funestes,
En sauvent les appas qui les ont éblouis,
Punissent vos sujets qui s’en sont réjouis.
Jupiter, résolu de l’ôter à Phinée,
Exprès par son oracle en défend l’hyménée.
A sa flamme peut-être il veut la réserver;
Ou, s’il peut se résoudre enfin à s’en priver,
A quelqu’un de ses fils sans doute il la destine ;
Et voilà de vos maux la secrète origine.
Faites cesser l’offense, et le même moment
Fera cesser ici son juste châtiment.

 

CASSIOPE.
Vous montrez pour ma fille une trop haute estime,
Quand pour la mieux flatter vous me faites un crime,
Dont la civilité me force de juger
Que vous ne m’accusez qu afin de m’obliger.
Si quelquefois les dieux pour des beautés mortelles
Quittent de leur séjour les clartés éternelles,
Ces mêmes dieux aussi, de leur grandeur jaloux,
Ne font pas chaque jour ce miracle pour nous :
Et quand pour l’espérer je serois assez folle,
Le roi, dont tout dépend, est homme de parole;
Il a promis sa fille, et verra tout périr
Avant qu’à se dédire il veuille recourir.
Il tient cette alliance et glorieuse et chère :
Phinée est de son sang, il est fils de son frère.

 

PERSÉE.
Reine, le sang des dieux vaut bien celui des rois.
Mais nous en parlerons encor quelque autre fois.
Voici le roi qui vient.

 

 

SCENE II.

 

CÉPHÉE, CASSIOPE, PHINÉE, PERSÉE, SUITE DU ROI ET DE LA REINE.

 

CÉPHÉE.
N’en parlons plus, Phinée,
Et laissons d’Andromède aller la destinée.
Votre amour fait pour elle un inutile effort;
Je la dois comme une autre au triste choix du sort:
Elle est cause du mal, puisqu’elle l’est du crime:
Peut-être qu’il la veut pour dernière victime,
Et que nos châtiments deviendraient éternels,
S’ils ne pouvaient tomber sur les vrais criminels.

 

PHINÉE.
Est-ce un crime en ces lieux, seigneur, que d’être belle?

 

CÉPHÉE.
Elle a rendu par-là sa mère criminelle.

 

PHINÉE.
C’est donc un crime ici que d’avoir de bons yeux
Qui sachent bien juger d’un tel présent des cieux.

 

CÉPHÉE.

Qui veut en bien juger n’a point le privilège
D’aller jusqu’au blasphème et jusqu’au sacrilège.

 

CASSIOPE
Ce blasphème, seigneur, de quoi vous m’accusez…

 

CÉPHÉE.
Madame, après les maux que vous avez causés,
C’est à vous à pleurer, et non à vous défendre.
Voyez, voyez quel sang vous avez fait répandre;
Et ne laissez paraître en cette occasion
Que larmes, que soupirs, et que confusion.
(à Phinée.)
Je vous le dis encore, elle la crut trop belle;
Et peut-être le sort l’en veut punir en elle : v
Dérober Andromède à cette élection
C’est dérober sa mère à sa punition.

 

PHINÉE.
Déjà cinq fois, seigneur, à ce choix exposée,
Vous voyez que cinq fois le sort l’a refusée.

 

CÉPHÉE.
Si le courroux du ciel n’en veut point à ses jours,
Ce qu’il niait cinq fois il le fera toujours.

 

PHINÉE.
Le tenter si souvent, c’est lasser sa clémence:
Il pourra vous punir de trop de confiance ;
Vouloir toujours faveur, c’est trop lui demander,
Et c’est un crime enfin que de tant hasarder.
Mais quoi! n’est-il, seigneur, ni bonté paternelle,
Ni tendresse du sang qui vous parle pour elle?

 

CÉPHÉE.
Ah ! ne m’arrachez point mon sentiment secret.
Phinée, il est tout vrai, je l’expose à regret.
J’aime que votre amour en sa faveur me presse ;
La nature en mon coeur avec lui s’intéresse;
Mais elle ne saurait mettre d’accord en moi
Les tendresses d’un père et les devoirs d’un roi;
Et, par une justice à moi-même sévère,
Je vous refuse en roi ce que je veux en père.

 

PHINÉE.
Quelle est cette justice et quelles sont ces lois
Dont l’aveugle rigueur s’étend jusques aux rois?

 

CÉPHÉE.
Celles que font les dieux, qui, tout rois que nous sommes,
Punissent nos forfaits ainsi que ceux des hommes,
Et qui ne nous font part de leur sacré pouvoir
Que pour le mesurer aux règles du devoir.
Que diraient mes sujets si je me faisais grâce,
Et si, durant qu’au monstre on expose leur race,
Ils voyaient, par un droit tyrannique et honteux,
Le crime en ma maison, et la peine sur eux?

 

PHINÉE.
Heureux sont les sujets, heureuses les provinces
Dont le sang peut payer pour celui de leurs princes 1

 

CÉPHÉE.
Mais heureux est le prince, heureux sont ses projets,
Quand il se fait justice ainsi qu’à ses sujets!
Notre oracle, après tout, n’excepte point ma fille,
Ses termes généraux comprennent ma famille;
Et ne confondre pas ce qu’il a confondu,
C’est se mettre au-dessus du dieu qui l’a rendu. ,

 

PERSÉE.
Seigneur, s’il m’est permis d’entendre votre oracle,
Je crois qu’à sa prière il donne peu d’obstacle;
Il parle d’Andromède, il la nomme, il suffit,
Arrêtez-vous pour elle à ce qu’il vous en dit;
La séparer long-temps d’un amant si fidèle,
C’est tout le châtiment qu’il semble vouloir d’elle.
Différez son hymen sans l’exposer au choix.
Le ciel assez souvent, doux au crime des rois,
Quand il leur a montré quelque légère haine,
Répand sur leurs sujets le reste de leur peine.

 

CÉPHÉE.
Vous prenez mal l’Oracle ; et pour l’expliquer mieux
Sachez… Mais quel éclat vient de frapper mes yeux?
D’où partent ces longs traits de nouvelles lumières?

Le ciel s’ouvre durant cette contestation du roi avec Phinée, et fait voir dans un profond éloignement l’étoile de Vénus qui sert de machine pour apporter cette déesse jusqu’au milieu du théâtre. Elle s’avance lentement sans que l’oeil puisse découvrir à quoi elle est suspendue; et cependant le peuple a le loisir de lui adresser ses voeux par cet hymne que chantent les musiciens.

 

PERSÉE.
Du ciel qui vient d’ouvrir ses luisantes barrières,
D’où quelque déité vient, ce semble, ici-bas
Terminer elle-même entre vous ces débats.

 

CASSIOPE.
Ah ! je la reconnais, la déesse d’Éryce ;
C’est elle, c’est Vénus, à mes voeux si propice :
Je vois dans ses regards mon bonheur renaissant.
Peuple, faites des voeux tandis qu’elle descend.

 

 

SCENE III.

 

VÉNUS, CÉPHÉE, CASSIOPE, PERSÉE, PHINÉE; Choeur de Musique; suite du ROI ET DE LA REINE.

 

CHoeUR.
Reine de Paphe et d’Amathonte,
Mère d’Amour et fille de la mer,

 

Peux-tu voir sans un peu de honte
Que contre nous elle ait voulu s’armer,
Et que du même sein qui fut ton origine
Sorte notre ruine?

 

Peux-tu voir que de la même onde
Il ose naître un tel monstre après toi ;

 

Que d’où vint tant de bien au monde
Il vienne enfin tant de mal et d’effroi,
Et que l’heureux berceau de la beauté suprême
Enfante l’horreur même?

 

Venge l’honneur de ta naissance
Qu’on a souillé par un tel attentat;

 

Rends-lui sa première innocence,
Et tu rendras le calme à tout l’état :
Et nous dirons enfin que d’où le mal procède
Part aussi le remède.

 

CASSIOPE.
Peuple, elle veut parler; silence à la déesse;
Silence, et préparez vos coeurs à l’allégresse.
Elle a reçu nos voeux, et les daigne exaucer ;
Écoutez-en l’effet qu’elle va prononcer.

 

VÉNUS, au milieu de l’air.
Ne tremblez plus, mortels ; ne tremble plus, ô mère :
On va jeter le sort pour la dernière fois,
Et le ciel ne veut plus qu’un choix
Pour apaiser de tout point sa colère.
Andromede ce soir aura 1 illustre époux
Qui seul est digne d’elle, et dont seule elle est digne.
Préparez son hymen , où, pour faveur insigne,
Les dieux ont résolu de se joindre avec vous.

 

PHINÉE, à Céphée.
Souffrez que sans tarder je porte à ma princesse,
Seigneur, l’heureux arrêt qu’a donné la déesse.

 

CÉPHÉE.
Allez, l’impatience est trop juste aux amants.

 

CASSIOPE, voyant remonter Vénus.
Suivons-la dans le ciel par nos remerciements;
Et, d’une voix commune adorant sa puissance,
Montrons à ses faveurs notre reconnaissance.

 

CHoeUR.

Ainsi toujours sur tes autels
Tous les mortels
Offrent leurs coeurs en sacrifice !
Ainsi le Zéphyr en tout temps
Sur tes palais de Cythère et d’Éryce
Fasse régner les grâces du printemps !
Daigne affermir l’heureuse paix
Qu’à nos souhaits
Vient de promettre ton oracle;
Et fais pour ces jeunes amants,
Pour qui tu viens de faire ce miracle,
Un siècle entier de doux ravissements.
Dans nos campagnes et nos bois
Toutes nos voix
Béniront tes douces atteintes;
Et dans les rochers d’alentour
Le même écho qui redisait nos plaintes
Ne redira que des soupirs d’amour.

 

CÉPHÉE.
C’est assez, la déesse est déjà disparue;
Ses dernières clartés se perdent dans la nue;
Allons jeter le sort pour la dernière fois :
Malheureux le dernier que foudroiera son choix,
Et dont en ce grand jour la perte domestique
Souillera de ses pleurs l’allégresse publique !
Madame, cependant songez à préparer
Cet hymen que les dieux veulent tant honorer :
Rendez-en l’appareil digne de ma puissance,
Et digne, s’il se peut, d’une telle présence.

 

CASSIOPE.
J’obéis avec joie, et c’est me commander
Ce qu’avec passion j’allais vous demander.

 

SCENE IV.

 

CASSIOPE, PERSÉE; Suite de la Reine.

 

CASSIOPE.
Eh bien ! vous le voyez, ce n’était pas un crime,
Et les dieux ont trouvé cet hymen légitime,
Puisque leur ordre exprès nous le fait achever,
Et que par leur présence ils doivent l’approuver.
Mais quoi! vous soupirez?

 

PERSÉE.
J’en ai bien lieu, madame.

 

CASSIOPE.
Le sujet?

 

PERSÉE.
Votre joie.

 

CASSIOPE.
Elle vous gêne l’âme?

 

PERSÉE.
Après ce que j’ai dit, douter d’un si beau feu,
Reine, c’est ou m’entendre ou me croire bien peu.
Mais ne me forcez pas du moins à vous le dire,
Quand mon âme en frémit et mon coeur en soupire.
Pouvais-je avoir des yeux et ne pas l’adorer?
Et pourrais-je la perdre et n’en pas soupirer?

 

CASSIOPE.
Quel espoir formiez-vous, puisqu’elle était promise,
Et qu’en vain son bonheur domptait votre franchise?

 

PERSÉE.
Vouloir que la raison règne sur un amant,
C’est être plus que lui dedans l’aveuglement.
Un coeur digne d’aimer court à l’objet aimable
Sans penser au succès dont sa flamme est capable;
Il s’abandonne entier, et n’examine rien ;
Aimer est tout son but, aimer est tout son bien:
Il n’est difficulté ni péril qui l’étonne.
 » Ce qui n’est point à moi n’est encore à personne,
 » Disais-je ; et ce rival qui possède sa foi,
 » S’il espère un peu plus, n’obtient pas plus que moi. »
Voilà durant vos maux de quoi vivait ma flamme,
Et les douces erreurs dont je flattais mon âme.
Pour nourrir des désirs d’un beau feu trop contents,
C’était assez d’espoir que d’espérer au temps ;
Lui qui fait chaque jour tant de métamorphoses
Pouvait en ma faveur faire beaucoup de choses.
Mais enfin la déesse a prononce ma mort,
Et je suis ce dernier sur qui tombe le sort.
J’étais indigne d’elle et de son hyménée,
Et toutefois, hélas! je valais bien Phinée.

 

CASSIOPE.
Vous plaindre en cet état, c’est tout ce que je puis.

 

PERSÉE.
Vous vous plaindrez peut-être apprenant qui je suis.
Vous ne vous trompiez point touchant mon origine,
Lorsque vous la jugiez ou royale ou divine :
Mon père est… Mais pourquoi contre vous l’animer?
Puisqu’il nous faut mourir, mourons sans le nommer;
Il vengerait ma mort, si j’avais fait connaître
De quel illustre sang j’ai la gloire de naître ;
Et votre grand bonheur serait mal assuré,
Si vous m’aviez connu sans m’avoir préféré.
C’est trop perdre de temps, courons à votre joie,
Courons à ce bonheur que le ciel vous envoie;
J’en veux être témoin, afin que mon tourment
Puisse par ce poison finir plus promptement.

 

CASSIOPE.
Le temps vous fera voir pour souverain remède
Le peu que vous perdez en perdant Andromède;
Et les dieux, dont pour nous vous voyez la bonté,
Vous rendront bientôt plus qu’ils ne vous ont ôté.

 

PERSÉE.
Ni le temps ni les dieux ne feront ce miracle.
Mais allons: à votre heur je ne mets point d’obstacle,
Reine; c’est l’affaiblir que de le retarder;
Et les dieux ont parlé, c’est à moi de céder.

FIN DU PREMIER AC?TE.

 

 

ACTE II.

Cette place publique s’évanouit en un instant pour faire place à un jardin délicieux; et ces grands palais sont changés en autant de vases de marbre blanc, qui portent alternativement, les uns des statues d’où sortent autant de jets d’eaux, les autres des myrtes, des jasmins, et d’autres arbres de cette nature. De chaque c6té se détache un rang d’orangers dans de pareils vases, qui viennent former un admirable berceau jusqu’au milieu du théâtre, et le séparent ainsi en trois allées, que l’artifice ingénieux de la perspective fait paraître longues de plus de mille pas. C’est là qu’on voit Andromède avec ses nymphes qui cueillent des fleurs, et en composent une guirlande dont cette princesse veut couronner Phinée, pour le récompenser par cette galanterie de la bonne nouvelle qu’il lui vient d’apporter.

 

SCENE PREMIERE.

 

ANDROMÈDE; Choeur De Nymphes; un Page chantant.

 

ANDROMÈDE.
Nymphes, notre guirlande est encor mal ornée;
Et devant qu’il soit peu nous reverrons Phinée,
Que de ma propre main j’en voulais couronner
Pour les heureux avis qu’il vient de me donner.
Toutefois la faveur ne serait pas bien grande,
Et mon coeur après tout vaut bien une guirlande.
Dans l’état où le ciel nous a mis aujourd’hui,
C’est l’unique présent qui soit digne de lui.
Quittez, nymphes, quittez ces peines inutiles ;
L’augure déplairait de tant de fleurs stériles;
Il faut à notre hymen des présages plus doux.
Dites-moi cependant laquelle d’entre vous…
Mais il faut me le dire, et sans faire les fines.

 

AGLAURE.
Quoi, madame?

 

ANDROMÈDE.
A tes yeux je vois que tu devines.
Dis-moi donc d’entre vous laquelle a retenu
En ces lieux jusqu’ici cet illustre inconnu.
Aux deux princes qui sont les derniers arrivés
Car enfin ce n’est point sans un peu de mystère
Qu’un tel héros s’attache à la cour de mon père;
Quelque chaîne l’arrête et le force à tarder.
Qu’on ne perde point temps à s’entre-regarder.
Parlez, et d’un seul mot éclaircissez mes doutes.
Aucune ne répond, et vous rougissez toutes!
Quoi! toutes l’aimez-vous? un si parfait amant
Vous a-t-il su charmer toutes également?
Il n’en faut point rougir, il est digne qu’on l’aime:
Si je n’aimais ailleurs, peut-être que moi-même,
Oui, peut-être, à le voir si bien fait, si bien né,
Il aurait eu mon coeur, s’il n’eût été donné.
Mais j’aime trop Phinée, et le change est un crime.

 

AGLANTE.
Ce héros vaut beaucoup puisqu’il a votre estime;
Mais il sait ce qu’il vaut, et n’a jusqu’à ce jour
A pas une de nous daigné montrer d’amour.

 

ANDROMÈDE.
Que dis-tu ?

 

AGLANTE.
Pas fait même une offre de service.

 

ANDROMÈDE.
Ah ! c’est de quoi rougir toutes avec justice;
Et la honte à vos fronts doit bien cette couleur,
Si tant de si beaux yeux ont pu manquer son coeur.

 

CÉPHALIE.
Où les vôtres, madame, épandent leur lumière,
Cette honte pour nous est assez coutumière.
Les plus vives clartés s éteignent auprès d’eux,
Comme auprès du soleil meurent les autres feux :
Et, pour peu qu’on vous voie et qu’on vous considère,
Vous ne nous laissez point de conquêtes à faire.

 

ANDROMÈDE.
Vous êtes une adroite ; achevez, achevez :
C’est peut-être en effet vous qui le captivez ;
Car il aime, et j’en vois la preuve trop certaine.
Chaque fois qu’il me parle il semble être à la gêne;
Son visage et sa voix changent à tous propos ;
Il hésite, il s’égare au bout de quatre mots ;
Ses discours vont sans ordre ; et, plus je les écoute,
Plus j’entends des soupirs dont j’ignore la roule.
Où vont-ils, Céphalie? où vont-ils? répondez.

 

CÉPHALIE.
C’est à vous d’en juger, vous qui les entendez.

UN PAGE, chantant sans être vu.
Qu’elle est lente cette journée !

 

ANDROMÈDE

Taisons-nous: cette voix me parle pour Phinée;
Sans doute il n’est pas loin, et veut à son retour
Que des accents si doux m’expliquent son amour.

 

LE PAGE.
Qu’elle est lente cette journée
Dont la fin me doit rendre heureux !
Chaque moment à mon coeur amoureux
Semble durer plus d’une année.
O ciel! quel est l’heur d’un amant,
Si, quand il en a l’assurance,
Sa juste impatience
Est un nouveau tourment?

 

Je dois posséder Andromède :
Juge, soleil, quel est mon bien.
Vis-tu jamais amour égal au mien?
Vois-tu beauté qui ne lui cède?
Puis donc que la longueur du jour
De mon nouveau mal est la source,

 

Précipite ta course,
Et tarde ton retour.
Tu luis encore, et ta lumière,
Semble se plaire à m’affliger.
Ah ! mon amour te va bien obliger
A quitter soudain ta carrière.
Viens, soleil, viens voir la beauté
Dont le divin éclat me dompte ;
Et tu fuiras de honte
D’avoir moins de clarté.

 

SCENE II.

 

PHINÉE, ANDROMÈDE; un Page, Choeur de Nymphes, Suite de Phinée.

 

PHINÉE.
Ce n’est pas mon dessein, Madame, de surprendre,
Puisqu’avant que d’entrer je me suis fait entendre.

 

ANDROMÈDE.
Vos voeux pour les cacher n’étaient pas criminels,
Puisqu’ils suivent des dieux les ordres éternels.

 

PHINÉE.
Que me direz-vous donc de leur galanterie?

 

ANDROMÈDE.
Que je vais vous payer de votre flatterie.

 

PHINÉE.
Comment?

 

ANDROMÈDE.
En vous donnant de semblables témoins,
Si vous aimez beaucoup, que je n’aime pas moins.
Approchez, Liriope, et rendez-lui son change;
C’est vous, c’est votre voix que je veux qui me venge.
De grâce, écoutez-la ; nous avons écouté,
Et demandons silence après l’avoir prêté.

 

LIRIOPE chante.
Phinée est plus aimé qu’Andromède n’est belle,
Bien qu’ici-bas tout cède à ses attraits ;
Comme il n’est point de si doux traits,
1l n’est point de coeur si fidèle.
De mille appas son visage semé
La rend une merveille ;
Mais, quoiqu’elle soit sans pareille,
Phinée est encor plus aimé.

 

Bien que le juste ciel fasse voir que sans crime
On la préfère aux Nymphes de la mer,
Ce n’est que de savoir aimer
Qu’elle-même veut qu’on l’estime ;
Chacun, d’amour pour elle consumé,
D’un coeur lui fait un temple :
Mais, quoiqu’elle soit sans exemple,
Phinée est encor plus aimé.

 

Enfin, si ses beaux yeux passent pour un miracle,
C’est un miracle aussi que son amour,
Pour qui Vénus en ce beau jour
A prononcé ce digne oracle :
Le ciel lui-même, en la voyant charmé,
La juge incomparable;
Mais, quoiqu’il l’ait faite adorable,
Phinée est encor plus aimé.

 

Cet air chanté, le page de Phinée et cette nymphe font un dialogue en musique, dont chaque couplet a pour refrain l’oracle que Vénus a prononcé au premier acte en faveur de ces deux amants,chanté par les deux voix unies, et répété par le choeur entier de la musique.

 

LE PAGE.
Heureux amant !

 

LIRIOPE.
Heureuse amante!

 

LE PAGE.
Ils n’ont qu’une âme.

 

LIRIOPE.
Ils n’ont tous deux qu’un coeur.

 

LE PAGE.
Joignons nos voix pour chanter leur bonheur.

 

LIRIOPE.
Joignons nos voix pour bénir leur attente.

 

LE PAGE et LIRIOPE.
Andromède ce soir aura l’illustre ép

Ressources complémentaires

Les spectacles et la vie de cour selon les gazetiers
Chronologie moliéresque
Textes du XVIIe siècle en version intégrale
Textes de Molière en version diplomatique

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