Dans Le Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry, la prude Cléonice formule des réserves similaires à l’encontre du comportement de son amie la coquette Artelinde :
Car enfin (lui disait Cléonice, un jour qu’elles étaient seules) vous ne me ferez point croire que cette multitude d’amants qui vous suivent, et qui vous obsèdent éternellement, et aux Temples, et dans les rues ; et aux promenades ; et aux maisons où vous allez ; vous suivent sans espérer : et vous ne me ferez pas croire non plus, qu’ils pussent tous espérer, si vous n’y contribuiez rien. […] J’avoue franchement, lui dit Artelinde en riant, que je fais tout ce que vous dites : et j’avoue de plus, qu’un de mes plus grands plaisirs est de tromper l’esprit de ces gens-là par des bagatelles, qui leur donnent lieu de croire qu’on ne les hait pas. Mais, reprit Cléonice, pouvez vous appeller bagatelles des choses qui font croire qu’ils ont grande part en votre esprit ; qu’ils possèderont un jour votre coeur tout entier ; et peut-être votre personne ? […] comment voulez-vous que des gens que vous accablez de faveurs, n’espèrent pas tout ce qu’on peut espérer ?
(Partie IV, livre 3, p. 2496– 2497)
Le reproche fait à la coquette de donner trop de gages aux hommes, considérant que l’espoir, plus que l’amour, est ce qui les attire, est l’une des critiques formulées par la prude dans le cadre de l’opposition traditionnelle entre ces deux types de caractères (voir « ARSINOÉ, CÉLIMÈNE »).
A l’acte II (scène 1), Alceste adressait à Célimène le même reproche (« votre complaisance »).