Le personnage de la prude est caractérisé chez Molière par ses « grimaces » (voir notamment à la scène V de La Critique de l’Ecole des femmes, les « grimaces d’une pruderie scrupuleuse » des femmes « sur le retour de l’âge » ; dans Le Misanthrope la « franche grimace » dénoncée par Célimène ; dans L’Impromptu de Versailles, la consigne donnée à Mlle Béjart d’ « en bien faire les grimaces »).
Le terme de « grimace », pour stigmatiser l’hypocrisie, est fréquemment utilisé dans le roman La Précieuse (1656-1658) (1) de l’abbé de Pure.
(1)
Mais afin que vous ne m’accusiez pas de finesse ou de grimace dans cette ruelle et dans cette conversation, je veux bien vous ouvrir mon cœur, et vous donner vue sur tout ce que j’ai pensé.
(Michel de Pure, La Précieuse ou le Mystère des ruelles, 1656, partie 1, 2nde conversation, Paris, Droz, 1938, p. 216)
…ces galants mépris que les femmes ont accoutumé de mêler dans leurs semblants dédaigneux, et par toutes ces autres fausses grimaces, dont elles savent composer un faux visage, et faire valoir un refus forcé
(Ibid., Troisième conversation, p. 237)
C’est bon pour ces jeunes coquettes qui n’ont pas l’art de raisonner, pour ces précieuses muettes qui ne savent que façonner et dont toute la repartie n’est que grimace et modestie.
(Ibid., Quatrième partie, Livre premier, 1658, Paris, Droz, 1639, p. 220)
Ainsi mon amitié sera honnête, sans aucune autre grimace.
(Ibid., p. 274)