La lanterne

« Va vite de ce pas préparer pour tantôt
Et la lanterne sourde, et les armes qu’il faut. »
Dépit amoureux, V, 1 (v. 1459-1460)

 

« (Il pose sa lanterne à terre, et lui adresse son compliment.) »
Amphitryon, I, 1

La lanterne est originellement l’accessoire qui accompagne le valet Sosie dans l’Amphitruo de Plaute :

a portu illic nunc cum lanterna advenit
Or voici son serviteur Sosie qui arrive du port, avec une lanterne à la main.
(Prologue, v. 163-164 ; trad. Marolles, 1658, p. 8)

 

On la retrouve dans l’adaptation de cette comédie que procure Rotrou sous le titre Les Sosies (1638) (1)

 

Elle est par la suite utilisée dans la « scène de nuit » de plusieurs comédies françaises du XVIIe siècle, à l’exemple de La Comédie sans comédie (1657) de Quinault (2).

 

Le jeu de scène moliéresque dans lequel elle fait office d’accessoire sera imité dans

Le Gentilhomme de Beauce (1670) de Montfleury (3)
Les Brouilleries nocturnes (1669) de Nanteuil (4)
Les Grisettes (1671) de Champmeslé (5)

 

Dans le spectacle des Italiens intitulé l’ « Addition au Triomphe de la médecine » (1674), Arlequin dialoguera également avec un objet substitutif de son destinataire, ainsi que le révèlent les notes de Biancolelli traduites par Gueulette (6)

 

 


 

(1)

A l’ouverture de la scène I, 2 de la comédie Sosie entre « seul, une lanterne à la main » ( I, 2)

 

(2)

[Jodelet] joue du théorbe et chante après avoir posé une lanterne sourde à terre .
( I, 1)

 

(3)

LE BASQUE, faisant des faux pas comme un homme qui a bu, et tenant une lanterne :
Que veux-tu ? […]

 

BEATRIX, jetant sa lanterne à bas :
Mais veux-tu me brider le nez de ton falot.
( IV, 10)

 

(4)

Moron, seul avec une lanterne
Ah, par ma foi, j’en tiens, Dieu que la nuit est noire !
Où diable aller chercher ce visage d’ivoire ?
J’ignore dans quel lieu j’ose poser mes pieds,
Et si mes membres sont, je pense, estropiés.
Ouf, j’ai le nez cassé, la belle, je vous jure,
Que je n’irai jamais qu’à la grande mesure,
Que les lieux écartés, que je ne saurai pas,
N’auront pas le bonheur de voir la nuit mes pas !
Mon maître pourra bien vous visiter lui-même,
Sans me mettre en état de perdre ce que j’aime.
Car, si je me perdais, pour moi je perdrais tout.
Chacun craint pour sa peau, la brebis craint le loup,
Et si, par malheur, j’allais prendre la peine
De me faire donner au travers de la bedaine
Quelque grand coup d’épée, on me dirait après :
« Moron, j’en suis bien fâché, j’y prends grand intérêt »,
Ou bien, d’un ton plus haut : « Il mérite le pendre »,
Je serais bien guéri d’une douceur si tendre.
Je me moque, pour moi, de toutes ces façons,
J’en ferais aux plus fins des plus belles leçons.
Mais j’entends que l’on vient ! Crainte qu’on me discerne,
Je vais tout doucement refermer ma lanterne…
(I, 1)

 

(5)

GRIFFAUD, une lanterne sourde à la main
Depuis une heure ou deux, il m’a semblé d’entendre
Marcher ici, parler, monter, courir, descendre.
Pour en être informé, je me rends en ces lieux.
M’y voilà. Cependant, rien ne s’offre à mes yeux.
Il est certain pourtant qu’on trame quelque chose,
Il faut m’en éclaircir, j’en veux savoir la cause.
Demeurons en ces lieux, et pour en être instruit…
Mais mon oreille corne, ou j’entends quelque bruit,
Il faut tout doucement refermer la lumière.
( sc. XV)

 

(6)

Je plante mon bâton sur le théâtre, je mets mon manteau dessus, et mon chapeau par-dessus le manteau; puis après avoir fait la référence, je dis : « Le Seigneur Scaramouche, mon maître, vous prie d’accepter ce petit présent de ma part ».
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 625)

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