Il se faut bien garder de confondre

« La comédie qu’elle a eu dessein d’attaquer n’est point du tout la comédie que nous voulons défendre. Il se faut bien garder de confondre celle-là avec celle-ci. Ce sont deux personnes de qui les moeurs sont tout à fait opposées. Elles n’ont aucun rapport l’une avec l’autre que la ressemblance du nom.  »
Le Tartuffe, Préface

La distinction entre comédie ancienne, méritant le blâme des Pères de l’Eglise, et comédie moderne est un argument avancé

– par le comédien dell’arte Pier Maria Cecchini dans ses Brevi discorsi intorno alle commedie, commedianti e spettatori (1621) (1)
– par le comédien dell’arte Niccolo Barbieri dans ses deux défenses du théâtre de 1628 et 1634 (2)
– par Georges de Scudéry dans son Apologie du théâtre (1639) (3)
– par l’abbé d’Aubignac dans sa Dissertation sur la condamnation des théâtres (1666) (4)

 

Il est condamné par Barbier d’Aucour dans la Réponse à la lettre adressée à l’auteur des Hérésies imaginaires (1666) (5) et par Conti dans son Traité de la comédie (1667) (6)

 

 


 

(1)

Hebbero le commedie molti anni a dietro autori e professori di vita scandalosa, di opere oscene et altri mancamenti cosi gravi quanto abbiamo confessato di sopra e quanto voglio che ratifichiamo al presente ; ma perchè creder hora, anzi per confirmarlo con la dottrina di S. Gio. Chrisostomo, che sono hormai 1207 anni che morI, che questi siani li medesimi con quelli e chiamarli con li stessi nomi ? se le persone non sono le medesime di costumi, ne l’opere loro della istessa natura ? nè cosa imaginabile v’è che imiti il dissoluto, non che dissoluta sia per se stessa ?
(p. 8)
(voir également « besoin de divertissement » et « bannie de Rome »)

 

(2)

dans le Discorso familiare intorno alle commedie moderne (1628)

chi ne tratta scrivendo o parlando, mentre che distingua i tempi e le persone, sempre dira bene : ma ragionar per relazione e portar testi di centinaia d’anni, ove le azzioni sono mutate, lasciando quei costumi in modo che la commedia non ha altro d’eredità che’l suo primo nome, ed attribuirla all’azzioni de’ nostri tempi è un mendicar biasmi alla commedia e nasconder la verità.
(p. 12)

 

non è andunque meraviglia se i sacri canoni e’l legislatore Giustiniano la fregiorono con infame nome, perchè ne i tempi loro era tale che sarebbono state ingiuste quelle saggie persone, s’altrimento havessero scritto ; ma i costumi diversi meritano i gradi diversi d’estimazione.
(p. 13)

 

La commedia inserta d’onorati discorsi, come modernamente si costuma, si fa cosi differente che non solo si toglie da i biasimi de gli antichi, ma si rende tale che viene da Santa Chiesa permessa, da molti santi dottori accettata, e da dottissimi espositori difesa e lodata.
(p. 14)

 

chi mosse dunque quelli che vilipesero in certi tempi la commedia ? i mali professori di quella, che traviando dal giusto metodo, fecero favole piene d’indiscretezze, e sotto nome di commedia facevanio buffonarie e infamità ; adunque il biasimo va a chi mal’opera, e non a tutti.
(p. 18)

 

(voir également « Olympe qui a été une débauchée« , « quelques-uns qui l’ont traitée plus doucement« , « qu’est-ce que dans le monde on ne corrompt point tous les jours« )

 

dans la Supplica. Discorso famigliare a quelli che trattano de’ comici (1634) (1634) :

La commedia, inserta d’onorati discorsi e lecitissime facezie, come a’ nostri tempi nelle buone compagnie si costuma, si rende cosi differente che non solamente si toglie da’ biasimi de gli antichi scrittori, mai si fa tale che viene da santa Chiesa permessa, da molti Dottori difesa, e da altri galantuomini lodata. E pero chi ne tratta, scrivendo o parlando, mentre che distingua i tempi, i modi e le persone, sempre dirà bene; ma ragionar di commedie per relazione di certi autori antichi, e forse antipatisti di genio a’ comici, e portar testi di centinaia d’anni, ove le azzione sono mutate in modo che non hanno più conformità con quelle già vilipese, è un voler mendicar biasimi alla commedia e nasconder le sue buone parti.
(éd. F. Taviani, 1971, p. 10-11)

 

(3)

Et c’est en quoi ces injustes persécuteurs de la comédie font voir qu’ils igorent également, et ce qu’elle était dans quelques-uns des siècles passés, et ce qu’elle est maintenant dans le notre. Jamais deux choses ne furent plus directement opposées, puisque l’une n’était que médisance et saletés, et que l’autre n’est que pudeur et modestie. De sorte que, la première étant coupable et la seconde innocente, il serait injuste de les confondre, et de rendre le châtiment commun, puisque le crime ne l’est pas.
( p. 2)

 

Que ceux qui d’une voix insolente et hardie
Blâment impunément la docte comédie,
Apprennent qu’en ce temps les traits sont effacés
Qui la faisaient blâmer chez les siècles passés ;
Un nuage d’erreurs offusqua sa lumière,
Mais elle a tout l’éclat de sa beauté première ;
Cette innocente vierge a sauvé son honneur
Des temps où la malice opprimait sa candeur.
(éd. de 1655, attribuée à Dorimon, p. 4)

 

(4)

CHAPITRE IV
Que la représentation des poèmes dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens pères de l’Eglise
Il ne faut donc point trouver étrange que l’on ait interdit aux premiers chrétiens avec tant de rigueur les jeux du théâtre et tous les autres spectacles du paganisme, puisqu’ils avaient partout les marques de l’hommage honteux et détestable que l’on y rendait aux démons. Mais maintenant qu’ils sont purifiés de toutes les cérémonies de cette impiété et que la religion païenne est entièrement abolie parmi les peuples de l’Occident, cette raison qui fut autrefois si puissante dans la bouche des Pères de l’Eglise , n’est plus maintenant considérable ; et cette défense qu’ils prêchaient avec quelque sorte d’anathème, n’a plus de fondement dans notre siècle.
(p.90)

 

Il ne faut donc plus employer contre le théâtre de notre temps ces grandes paroles de zèle et de foudre que les anciens Pères de l’Eglise ont autrefois prononcées , et l’on ne doit pas condamner un divertissement que les papes et les princes chrétiens ont approuvé depuis qu’il a perdu les caractères de l’impiété qui le rendaient abominable.
(p. 101-102)

 

(5)

Je pourrais ajouter à cela qu’encore que toutes les comédies soient dangereuses et qu’il fût à souhaiter qu’on les pût supprimer toutes, celles des Anciens le sont beaucoup moins que celles qu’on fait aujourd’hui.
(éd. L. Thirouin, in Pierre Nicole. Traité de la comédie et autres pièces d’un procès du théâtre, 1998, p. 261)

 

(6)

Il est très certain que c’est à tort qu’on prétend justifier celles de ce temps par l’exemple des anciennes, rien n’étant si dissemblable qu’elles le sont. L’amour est présentement la passion qu’il y faut traiter le plus à fond, et quelque belle que soit une pièce de théâtre, si l’amour n’y est conduit d’une manière délicate, tendre et passionnée, elle n’aura d’autre succès que celui de dégoûter les spectateurs et de ruiner les comédiens.
( p. 21-22)

Le moteur de recherche fonctionne par co-occurence, par exemple, la saisie femmes superstition, affichera uniquement les fiches qui comportent les deux termes, et non toutes les pages qui comportent chacun des termes.