L’ « erreur populaire » qui consiste à se fier à l’habit pour accorder du crédit à la personne est mise en cause dans le « petit traité » « Des habits et de leurs modes différentes » (Opuscules ou Petits Traités, 1644) de La Mothe le Vayer :
Il n’y a rien de plus trompeur que les jugements qui se font sur l’apparence extérieure des hommes, selon qu’ils sont bien ou mal vêtus. C’est pour cela qu’on a dit que barbe et long manteau ne faisaient pas le philosophe, ni l’habit le moine.
[…]
Cette erreur populaire m’a tenu longtemps de n’estimer ceux que je voyais la première fois qu’autant qu’ils me paraissaient bien mis, comme l’on parle et en bonne conche. Et parce que j’étais tous les jours trompé là-dessus, je me résolus de tenir un procédé tout contraire, qui fut de me défier de l’esprit de ceux-là et de bien penser des autres, qui par négligence ou autrement n’étaient pas si bien couverts ni en si bon ordre.
(éd. des Oeuvres de 1756, II, 2, p. 92-96)
Elle est également dénoncée dans les Pensées de Pascal :
Nos magistrats ont bien connu ce mystère. Leurs robes rouges, leurs hermines, dont ils s’emmaillottent en chats fourrés, les palais où ils jugent, les fleurs de lis, tout cet appareil auguste était fort nécessaire ; et si les médecins n’avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n’eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n’auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique.
(fragment 78)