Ferme dans la dispute

« Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes; ne démord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens »
Le Malade imaginaire, II, 5

L’attitude de Thomas Diafoirus révèle les traits du comportement que La Mothe le Vayer condamne dans son dialogue « De l’opiniâtreté » (Cinq dialogues à l’imitation des Anciens) (voir également « je crèverais plutôt » et « hors de son sentiment on n’a pu l’entraîner »).

Les opiniâtres
ne se départent jamais d’une proposition, avec quelque témérité qu’ils l’aient avancée[…] et quelque mauvaise teinture de doctrine qu’ils aient prise la première fois, ils ne la perdent jamais. L’âge ne corrige point en ces personnes les erreurs de leur jeunesse, quod quisque perperam discit, in senectute confiteri non vult, et leurs présuppositions régentent leur jugement avec tant de tyrannie, qu’ils ne discernent plus le vrai du faux, toutes leurs disputes n’allant qu’à s’acquérir la victoire, sans se soucier d’obtenir la vérité.
(éd. de 1716, p. 198)

 

La condamnation avait été formulée auparavant dans le De vanitate scientiarum (1531) de Cornelius Agrippa :

Celui sera tenu pour savant que l’on verra obstiné en ses opinions, et avoir toujours en la bouche quelques mots à demi grecs ou barbares et nommer souvent plusieurs de leurs auteurs.
(traduction française de 1582, p. 420-421)

 

Une propension semblable à l’opiniâtreté avait été décrite et dénoncée dans Le Parnasse réformé (1669) de Guéret, à propos de certains avocats :

Que dirons-nous, interrompit Gautier, de ces orateurs praticiens qui ne parlent que forclusion, que débouté de défenses, que fin de non recevoir, et qui considèrent comme autant de grâces tout ce qu’il y a de barbare dans la chicane ? Ce sont des avocats à griefs et à contredits. Ils ne savent que les praticiens français, ils ne connaissent Cicéron et Aristote que par tradition, et tout leur esprit est dans leur sac. Encore s’ils se contentaient de demander des défauts ou des rapports de Sentences, et s’ils ne se rencontraient qu’au baillage ou à l’élection, on ferait grâce à leur barbarie. Mais ils veulent paraître à la Grand’ Chambre, et mettent entre les titres glorieux de leurs familles une plaidoirie de quatre audiences, dans laquelle ils auront fatigué leur juges de mille dates embarrassantes, d’un grand nombre de faits inutiles, et du récit ennuyeux d’une longue procédure.
(p. 47)

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