Elégie contre les femmes

Ce poème illustre la tradition de l’humour misogyne qu’on retrouve dans

 

Le Cocu imaginaire

 

Le Dépit amoureux :
« un certain animal »
« de qui la nature est fort encline au mal »
« ainsi que la tête est comme le chef du corps »
« comme la girouette »

 

L’Ecole des maris
« ce sexe trompeur »

 

L’Ecole des femmes :
« on est dupé par leurs dextérités »
« il n’est rien de plus faible et de plus imbécile »

 

 

« Elégie contre les femmes », par le sieur Motin (1617)

 

Que c’est fait sagement aux hommes d’empêcher
Les femmes de juger, commander et prêcher,
Captivant sous les lois cet animal sauvage,
Qui chez les Musulmans est toujours en servage,
Rendez si vous pouvez de bonne heure arrêté,
De la femme et de l’eau le courroux indompté,
De peur que l’un et l’autre usant de sa puissance,
Sur vous trop paresseux n’étende sa puissance :
Malheureux est celui qui se laisse abuser,
Mais bien plus malheureux qui la veut épouser,
J’aime mieux être aux fers d’un tartare sévère

La femme n’est sinon qu’une belle misère,
[…]
Bien qu’elle soit prodigue, elle est avare ensemble,
Un contraire à la femme au contraire s’assemble,
Elle-même se vend et la nécessité,
Sert alors de prétexte à sa lubricité ;
Mais quelle tour d’airain, quelle porte ferrée
Ont pouvoir de tenir une femme ferrée ?
Quel argus, quel geôlier peut tenir en prison,
Celle de qui l’amour surmonte la raison ?

Est-il flamme impudique horrible à la pensée
Que par elle ne soit sans respect exercée,
Témoin Sémiramis qu’un cheval embrasa,
Et celle qu’au taureau Dédalle supposa,
Leurs impudicités de cruauté guidée
Funeste aux innocents, fait naître une Médée,
Fait contre un vieux père une fille animer,
Fait contre leurs maris les Bellides armer,
Le fer et la prison exerce leur vengeance
Et de leur long courroux le sang est l’allégresse,
Aux funestes desseins de leur inimitié,
Il ne faut point jamais espérer de pitié,
[…]
A l’impudicité de leurs corps languissants,
Se joint de leurs esprits le discours impuissant
[…]
A quoi destin sanglant tient-il que tu n’égales,
Le bonheur des mortels à celui des cigales ?
N’ayant donné la voix qu’aux mâles seulement,
Des femmes sans raison le faible entendement,
Par la bouche expirant les images frivoles,
Nous pouvait tous tromper par des vaines paroles :
Ne savoir pas mentir, reprocher et crier,
Flatter, feindre, trahir, jurer, injurier
,
De là vient la feintise et la haine et la guerre,
Et toutes les fureurs qui saccagent la terre :
Car tout le mal qui donne aux mortels du souci,
Prend le nom d’une femme et le malheur aussi,
Comme peste, langueurs, fiévreuse hydropisie,
Avarice, tristesse, envie, et jalousie,
Crainte, furie, horreur, vengeance, ambition,
Le nom de femme est propre à toute passion,
La mort même des maux, le dernier et le pire,
Est femme, et comme telle à toute chose aspire.
On dit vrai qu’entre l’homme et la grandeur de Dieu,
Les esprits bienheureux obtiennent le milieu,
Et que des corps humains et l’animal inepte,
La femme est au milieu de l’homme et de la bête,
Elle est plus dangereuse au fiel de son courroux,
Que n’est le noir venin de l’Aspic le plus roux,
Ni que l’oeil du serpent le plus grand que Syrène,
Nourrisse aux chauds déserts de sa mouvante arène :
Elle n’est jamais bonne, ou bien c’est seulement
Alors qu’elle apparaît mauvaise ouvertement […]
Elle songe toujours et ne pense qu’au mal,
Et seule elle entretient un méchant animal. […]
L’oiseau qui du soleil sent les pures ardeurs,
Qui s’immole mourant sur un lit plein d’odeurs,
Son plumage doré de cent couleurs émaille,
Apparaît plus souvent qu’une femme qui vaille.

(Recueil des plus excellents vers satyriques de ce temps trouvés dans les cabinets des sieurs de Sigogne, Régnier, Motin, qu’autres, des plus signalés poètes de ce siècle, Paris, Antoine Estoc, 1617, f. 46-49)

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