Le thème de la légèreté et de l’inconstance des femmes, que Dorimond exploite également dans L’Inconstance punie (1661) (1), est un lieu commun de la littérature anti-féministe des années 1615-1625.
On le trouve par exemple
– dans La Méchanceté des femmes (1618) de Ferville, où le terme même de « girouette » est employé (2)
– dans le Tableau historique des ruses et subtilités des femmes (1623) (3).
Le thème de la « femina mutabile » fonde surtout l’humour misogyne des comédies érudites italiennes. On le rencontre notamment dans les pièces suivantes :
– Luigi Pasqualigo, Il Fedele (1576) (4)
– Girolamo Razzi, La Gostanza (1565) (5), ainsi que La Constance, pièce de Larivey qui l’adapte en français (6)
– Cristoforo Castelletti, Le stravaganze d’amore (7)
Il apparaissait déjà chez Pétrarque et Virgile (8) et dans le Remedium amoris d’Alessandro Piccolomini(9).
Tabarin en avait déjà fait la source d’un comique misogyne (10).
(1)
Tout le sexe est fragile et la femme est légère.
(Dorimond, L’Inconstance punie, 1661, I, 1)
(2)
Y a-t-il malice, cautelle, trahison, tromperie, astuce, fraude ni méchanceté dont la femme ne s’advise ? elle est inconstante, volage, mobile, déloyale, perfide, infidelle, instable, légère et variable comme une girouette […].
(Ferville, La Méchanceté des femmes, p. 64)
(3)
Pour ce qui regarde leurs trahisons et cruautés, tous les livres en sont pleins, et de fait […] il n’y a rien de plus inconstant ni de plus léger que les femmes.
(Tableau historique des ruses et subtilités des femmes, où sont naïvement représentées leurs moeurs, humeurs, etc., 1623, par L.S.R., Paris, Rollet Boutonné, p. 4)
(4)
considerando poi che varium mutabile sempre femina
(Pasqualigo, Il Fedele, I, 3)
(5)
Lis.: – Infine noi siam tutte donne, et tutte pazze; et in noi non è fermezza ne stabilita nessuna. – Fidenzio : Varium et mutabile femina semper<. In lingua Etrusca: femina è cosa mobil per natura.
(Razzi, La Gostanza, 1565, p. 3)
(6)
Varium et mutabile femina semper et en français, la femme est toujours variable et mobile de nature.
(Larivey, La Constance)
(7)
o femine femine, cosa mobil per natura, varium et mutabile semper
(C. Castelletti, Le stravaganze d’amore, V, 11)
(8)
Femina è cosa mobil per natura
(Pétrarque, 83)
varium et mirabile semper
femina
(Virgile, Enéide, IV, 569-570)
(9)
Non est in muliere stabilitas, quae nunc te amat cras alium amabit et una tecum amabit. Quid tu hunc amorem existimes qui in plures divisus est ? Nulla mulier tam fixe aliquem amavit que, veniente novo proco, novisque precibus vel muneribus non mutarit amorem.
(Piccolomini, Remedium amoris)
(10)
Elle a les mains et le corps d’eau ; la tête est composée d’air, car il n’y a rien de plus impatient ni qui soit plus léger.
(Tabarin, Question XXIV, « A quoi ressemble l’humeur d’une femme », dans Oeuvres, P.L. Jacob, 1858, p. 131)