L’expression « donner dans » est à la mode. Elle figure à plusieurs occurrences dans La Précieuse (1656-1658) de l’abbé de Pure :
Si je m’adoucis, je donne dans le sentiment de Parthenoïde ; si je m’excite, je heurte toutes ces dames et tout le beau sexe.
(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. II, p. 19)
l’ orgueil leur tendit de nouvelles embûches, et se servit de leurs appas et de leurs beautés, pour les faire donner dans les toiles et dans les panneaux que la corruption du siècle a tendus aux plus innocens mérites, et aux plus parfaites beautés.
(ibid. t. I, p. 336)
Toutefois le parti est trop avantageux pour le refuser, et je ne vois pas que l’on soit obligé de s’ opiniâtrer à vous donner des louanges qui blessent vostre modestie, et dont le contrecoup donne jusque dans la conversation.
(ibid. t. I, p. 270)
Elle est également mentionnée dans l’entretien « De la langue française » (Entretiens d’Ariste et d’Eugène, 1671) du Père Bouhours :
donner se dit depuis quelque temps en plusieurs façons fort élégantes : donner dans le sens de quelqu’un.
( p. 94)
Ainsi que dans le chapitre « Du nouveau langage français » dans De la Connaissance des bons livres, (1671) de Charles Sorel:
Nous observerons que dans l’Histoire de la comtesse de Selles ayant suivi le langage à la mode, on y trouve qu’une Dame parlant de ce qu’elle a fait pour son Amant, dit […] Qu’il avait donné dans le Panneau.
( p. 372)