Le turc de fantaisie dont se servent Cléonte et Covielle est composé pour une bonne part d’expressions provenant de la scène III, 5 de la comédie La Soeur (1647) de Rotrou :
Cabrisciam ogni boraf embusaim, Constantinopola ? […] Ben Belmen ne sensulez. […] Carigar camboco, ma io ossasando ? Ossasando, nequei, nequet, poter lever cosi Nola. Saschina basum base, agrir se […]
( p. 72-74)(voir également « beaucoup en peu de paroles »)
Les mêmes procédés linguistiques étaient utilisés dans L’Ecole des jaloux (1664) de Montfleury (II, 5, p. 30).
Le potentiel comique de cette pseudo-langue avait été utilisé dans le spectacle « Les Trois Feints Turcs », joué à la Comédie italienne de Paris durant les années 60, et dont les notes personnelles de l’Arlequin Biancolelli fournissent un aperçu :
Nous arrivons, Trivelin et moi, vêtus en Turcs, nous faisons l’exercice de combattre main contre main, pied contre pied, puis il veut m’apprendre à parler turc […] il parle turc, ce langage m’épouvante, ensuite je m’y accoutumes et je ris comme un fou, en le priant de répéter des mots turcs, que je prononce après lui, en riant encore plus fort.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 228)