Vous combattrez les choses que je veux

« L’époux que je lui donne
Est Monsieur. – Et celui, moi, qu’en propre personne,
Je prétends qu’elle épouse, est Monsieur. […]
– Mettez, mettez, Monsieur, Trissotin pour mon gendre.
– Pour mon gendre mettez, mettez, Monsieur, Clitandre. […]
– Suivez, suivez, Monsieur, le choix où je m’arrête.
– Faites, faites, Monsieur, les choses à ma tête. […]
– Quoi donc, vous combattez les choses que je veux? »
Les Femmes savantes, V, 3 (v. 1621-1632)

Dans Crispin médecin (1670) de Hauteroche, le maître de maison Mirobolan se trouve confronté à l’opposition de sa femme au sujet du choix du conjoint de sa fille :

FELIANTE
[…] dites-moi […] le sujet pourquoi vous m’avez fait venir ici.

 

LISIDOR
Madame, c’est une petite bagatelle.

 

MIROBOLAN
Ma femme, c’est notre ami Monsieur Lisidor, qui demande notre fille en mariage.

 

FELIANTE
Et pour qui?

 

LISIDOR
Pour moi, madame.
[…]

 

FELIANTE
[…]
Ainsi, Monsieur, pour éviter les disgrâces qui pourraient arriver à ma famille, trouvez bon que je vous refuse mon consentement.

 

LISIDOR
Mais, Madame, votre mari m’en a donné sa parole.

 

FELIANTE
Je je crois : mais selon l’apparence, il n’y a pas fait de réflexion ; car, sans doute, il aurait été de mon sentiment.

 

LISIDOR à Mirobolan.
Monsieur, vous savez ce que vous m’avez promis.

 

FELIANTE à Lisidor.
Je crois, encore un coup, qu’il vous l’a promise ; mais il peut vous la dépromettre ; car, apparemment, il n’en sera rien.

 

LISIDOR
Monsieur, un homme d’honneur doit tenir ce qu’il promet : parlez ; ne m’avez-vous pas promis votre fille en mariage?

 

MIROBOLAN à Lisidor.
Hé!… tout cela est vrai.

 

FELIANTE
Hé bien! s’il vous l’a promise, je ne vous l’ai pas promise, moi ; et c’est assez.

 

MIROBOLAN
Ma femme!…

 

FELIANTE à Mirobolan.
Hé! Mon Dieu! Laissez-moi parler ; je sais fort bien ce que je fais.

 

MIROBOLAN
Mais il faudrait…

 

FELIANTE
Il faudrait ne pas promettre si facilement. Encore une fois, il n’en sera rien ; et vos raisons ne peuvent être que très mauvaises, sur ce chapitre. (A Lisidor.) Adieu, Monsieur ; mettez-vous en tête que vous n’aurez jamais ma fille. (Elle sort.)

 

(I, 4, Théâtre de Noël Le Breton, sieur de Hauteroche, 1772, t. II, p. 319-321)

 

(voir également « touchez à Monsieur », « parlons à votre femme » et « secondez-moi bien tous »)

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