Une vieille chanson

« Et je prise bien moins, tout ce que l’on admire,
Qu’une vieille chanson, que je m’en vais vous dire. »
Le Misanthrope, I, 2, v. 391-392

Dans La Précieuse de l’abbé de Pure, Gélasire évoque une « vieille chanson » :

Trouvez-vous que cela soit injuste, Mesdames ? Si vous aviez dit « Messieurs », interrompit Gelasire, j’aurais dit premièrement non, et secondement deux vers d’une vieille chanson :
Et nous serons en même instant,
Tous deux quittes en nous quittant.

(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. II, p. 36)

 

Le P. Bouhours, dans ses Entretiens d’Ariste et d’Eugène (1671) note :

La langue française a un talent particulier pour exprimer les plus tendres sentiments du coeur. Cela paraît jusque dans nos chansons, qui sont si passionnées et si touchantes, et où le coeur a bien plus de part que l’esprit, quoiqu’elles soient infiniment spirituelles.
(« Entretien sur la langue française », p. 59)

 

Une lettre de l’abbé Cotin, parue originellement dans le recueil Sercy de 1659 (t. II, p. 152), fait usage de la chanson naïve pour tenter de séduire une précieuse :

Vous êtes si délicate que l’on ne sait comment vous écrire. Si le style est magnifique et pompeux, vous le traitez de galimatias : s’il est savant, de pédanterie : s’il est bas, il est au-dessous de votre grandeur : s’il est enjoué, sa trop grande familiarité vous offense : si l’on ne vous écrit point, on vous oublie, et ce défaut de mémoire en marque un autre de jugement : si l’on vous écrit trop aussi, on ne respecte pas assez votre repos. Apprenez-moi, je vous prie, comme il faut faire : je pense, Mademoiselle, qu’il vaut mieux que je ne vous écrive point, ou que je ne vous écrive qu’une chanson. Elle est faite sur un air champêtre, et réussit à merveille sur la musette. A la vérité ce pourrait être mon histoire : si vous voulez pourtant, ce ne la sera pas. Adieu.
CHANSON
L’oiseau de race immortelle,
Qui se nomme Amour Charmant,
Avait englué son aile
Dans les bois de Clidamant :
Ma belle
Pastourelle
Aimons-nous fidèlement
.
(Oeuvres galantes, 1663, p. 181-182)

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