La clémence que Scapin manifeste à l’égard des offenses qu’il a subies de la part de son maître est conforme à celle que recommande La Mothe le Vayer dans son petit traité « Des offenses et injures » (Opuscules et petits traités, 1643) :
Considérons d’ailleurs que notre ressentiment ne peut aller que contre une personne ou plus faible, ou plus puissante que nous. Si elle est plus faible, ayons-en pitié, et donnons à l’humanité ce que nous voudrions qu’on nous accordât en la considération. Si ses forces sont plus grandes que les nôtres, ayons pitié de nous-mêmes, oublions ce dont nous ne saurions nous souvenir qu’à nôtre ruine, et soyons miséricordieux au moins par notre propre intérêt.
Peut-être que c’est la première fois que nous avons été offensés de celui de qui nous nous plaignons. Remettons-lui donc une faute qu’il n’avait point encore faite, et que vraisemblablement il ne commettra jamais. Que si nous avons déjà souffert plusieurs fois la même chose, endurons encore celle-ci comme les autres, nous y aurons moins de peine y étant déjà tout accoutumés; ne perdons pas le fruit de notre patience passée, et faisons que notre bonté l’emporte à la longue sur une malice perséverante.
(éd. des Oeuvres de 1756, II, 2, p. 434-435)