Un portrait qui soit moi

« Pour moi, je vous demande un portrait qui soit moi, et qui n’oblige point à demander qui c’est. »
Le Sicilien ou l’Amour peintre, sc. XI

Le critère est présenté comme définitoire du portrait dans L’Art de peinture traduit en français (1668) de Dufresnoy (1).

 

La faiblesse de ceux qui veulent que leurs portraits cachent leurs défauts est raillée

– dans un passage du cinquième livre de la Clélie des Scudéry (2)
– dans la lettre « De la peinture » de La Mothe le Vayer (3).

 

Voir aussi « une petite bouche ».

 

 

(1)

La fin des portraits n’est pas précisément, comme quelques-uns se l’imaginent, de donner avec la ressemblance un air riant et agréable; c’est bien quelque chose, mais ce n’est pas assez. Il consiste à exprimer le véritable tempérament des personnes qu’on représente, à faire voir leur physionomie.
( p. 137)

 

(2)

Pour moi, ajouta le prince tout irrité, je ne puis assez blâmer la faiblesse des femmes en général, qui veulent toujours que l’on fasse leurs portraits plus beaux qu’elles et qui veulent plus devoir au peintre qu’à la nature, sans considérer qu’il leur serait bien plus doux d’entendre dire qu’elles seraient plus belles que leurs peintures, que de voir dans les yeux de ceux qui regardent leurs portraits, qu’ils trouvent qu’on les a flattées. – Croyez-moi, dis-je au prince, car j’étais présent à cette conversation, tout le monde veut être flatté ; on veut des portraits flattés ; on souffre agréablement les flatteries, on veut qu’on flatte jusqu’aux maisons que l’on a, jusqu’aux tableaux, et je connais une femme qui a un petit chien, qu’elle trouverait fort mauvais qu’on ne flattât point ; et pour être bien de ses amis, il faut lui dire hardiment que c’est le plus beau chien du monde. Jugez-donc, Seigneur, ajoutai-je, s’il ne faut pas pardonner à celles qui veulent qu’on leur donne de l’embonpoint, du blanc, et de l’incarnat, qu’on leur croisse les yeux, qu’on leur apetisse la bouche, qu’on leur donne de belles mains, et de beaux bras, quoiqu’elles n’aient rien de tout cela.
(Clélie , V, 2, p. 745-746)

 

(3)

Joignez à cela qu’encore que la perfection de l’art soit dans la ressemblance, l’on y a cherché de la recommandation par la dissemblance. Car qu’est-ce autre chose de rendre belles les laides personnes, et de donner des grandeurs de géant à de fort petits hommes ? Cependant il n’y a rien de plus ordinaire parmi les peintres et les sculpteurs. La statue de Sesostris, dit Diodore, était plus haute qu’elle de quatre palmes. Néron, Galienus, et quelques autres affectèrent d’être vus en forme de colosses. Entre les particuliers le poète Accius, qui était de fort basse taille, voulut qu’on la lui fit très avantageuse, quand on le mit dans le Temple des Muses.
(La Mothe le Vayer, VI, 1, p. 101-102)

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