Un je ne sais quel feu que je ne connais pas

« À peine je vous vois, que mes frayeurs cessées
Laissent évanouir l’image du trépas,
Et que je sens couler dans mes veines glacées
Un je ne sais quel feu que je ne connais pas. »
Psyché, acte III, scène 3, vv. 1050-1053.

L’expression « je ne sais quel feu » est ici un emprunt direct à L’Ane d’or d’Apulée :

Suscipit Psyche singultu lacrimoso sermonem incertans: « Iam dudum, quod sciam, fidei atque parciloquio meo perpendisti documenta, nec eo setius adprobabitur tibi nunc etiam firmitas animi mei. Tu modo Zephyro nostro rursum praecipe fungatur obsequio, et in uicem denegatae sacrosanctae imaginis tuae redde saltem conspectum sororum. Per istos cinnameos et undique pendulos crines tuos per teneras et teretis et mei similes genas per pectus nescio quo calore feruidum sic in hoc saltem paruulo cognoscam faciem tuam […]. »
(V, 13)

Psyché lui repartit en interrompant ses paroles d’un sanglot larmoyant. Je crois que vous avez dès longtemps éprouvé ma foi, et que je ne suis point babillarde : néanmoins vous ferez encore maintenant essai de la fermeté et constance de mon affection : commandez seulement derechef à notre Zéphyre qu’il fasse devoir de bon serviteur, et au lieu de votre sacré sainte image dont vous me refusez la vue, permettez au moins que je puisse voir mes soeurs. Par ces cheveux parfumés qui vous servent d’ornement à cette belle face, par ces joues rondelettes et semblables aux miennes ; par cette poitrine qui bout de je ne sais quelle chaleur […].
(traduction Jean de Montlyard, édition de 1648, p. 141)

 

Le « je ne sais quoi » est également une catégorie-clef de la sensibilité galante, notamment expliquée par Dominique Bouhours dans les Entretiens d’Ariste et Eugène (1671):

De la manière dont vous parlez, répliqua Eugène, vous avez la mine de connaître aussi bien la nature de ce je ne sais quoi que vous en ressentez les effets. Il est bien plus aisé de le sentir que de le connaître, repartit Ariste. Ce ne serait plus un je ne sais quoi si l’on savait ce que c’est; sa nature est d’être incompréhensible et inexplicable.
(Ve entretien, p. 239)

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