Robinet, Lettre en vers à Madame du 21 janvier 1668

En cette Saison, peu sacrée,
Mais toute aux Plaisirs consacrée,
Les Divertissements de Cour
S’y recommencent chaque jour.
Lundi, chez le nonpareil SIRE,
Digne d’étendre son Empire
Dessus toutes les Nations,
On vit les deux AMPHITRYONS,
Ou, si l’on veut, les deux SOSIES,
Qu’on trouve dans les Poésies
Du feu sieur Plaute, franc Latin,
Et que, dans un Français très fin,
Son digne Successeur, MOLIÈRE,
A travesti d’une manière
À faire ébaudir les Esprits,
Durant longtemps, de tout Paris.
Car, depuis un fort beau Prologue,
Qui s’y fait par un Dialogue
De Mercure avecque la Nuit,
Jusqu’à la fin de ce Déduit,
L’aimable enjouement du Comique
Et les beautés de l’Héroïque,
Les Intrigues, les Passions
Et, bref, les Décorations,
Avec des Machines volantes,
Plus que des Astres éclatantes,
Font un Spectacle si charmant
Que je ne doute nullement
Que l’on n’y courre en foule extrême,
Bien par delà la mi-Carême.

 

Je n’ai rien touché des Acteurs,
Mais je vous avertis, Lecteurs,
Qu’ils sont en conche très superbe
(Je puis user de cet Adverbe)
Et que chacun de son Rollet,
Soit sérieux, ou soit follet,
S’acquitte de la bonne sorte ;
Surtout, ou qu’Astarot m’emporte,
Vous y verrez certaine NUIT
Fort propre à l’amoureux Déduit,
Et de même certaine Alcmène ,
Ou bien sa Remembrance humaine,
Qui vaudrait bien, sans en douter,
Qu’un Remembrant de Jupiter,
Plein de ce feu qui le coeur brûle,
Lui fît un Remembrant d’Hercule.

 

– Autres textes concernant les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1668

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