Robinet, Lettre en vers à Madame du 12 juin 1666

Le MISANTHROPE enfin se joue ;
Je le vis Dimanche, et j’avoue
Que de MOLIÈRE, son Auteur,
N’a rien fait de cette hauteur.
Les expressions en sont belles,
Et vigoureuses et nouvelles,
Le Plaisant et le Sérieux
Y sont assaisonnés des mieux,
Et ce MISANTHROPE est si sage
En frondant les Moeurs de notre Âge
Que l’on dirait, Benoît Lecteur,
Qu’on entend un Prédicateur.
Aucune Morale Chrétienne
N’est plus louable que la sienne,
Et l’on connaît évidemment
Que dans son noble emportement
Le Vice est l’Objet de sa haine
Et nullement la Race humaine,
Comme elle était à ce TIMON
Dont l’Histoire a gardé le nom
Comme d’un Monstre de Nature.
Chacun voit donc là sa Peinture,
Mais de qui tous les Traits censeurs,
Le rendant confus de ses moeurs,
Le piquent de la belle envie
De mener toute une autre vie.
Au reste, chacun des ACTEURS
Charme et ravit les Spectateurs,
Et l’on y peut voir les trois GRÂCES
Menant les AMOURS sur leurs traces,
Sous le Visage et les Attraits
De trois OBJETS jeunes et frais :
MOLIÈRE, du PARC et de BRIE ;
Allez voir si c’est menterie.

 

(Texte saisi par David Chataignier à partir du Tome I (mai 1665-juin 1666) de l’édition du Bon Nathan-James-Edouard de Rothschild et de Émile Picot, 1881-1883, Paris, D. Morgand et C. Fatout éditeurs).

 

– Autres textes concernant Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1666

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