Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1666

Table des matières

Cette page constitue une des composantes de la documentation sur LES SPECTACLES ET LA VIE DE COUR SELON LES GAZETIERS (1659-1674)

Lettre du 3 janvier 1666, par Robinet.

 

-La marquise de Rambouillet, protectrice de nombreux poètes, est passée entre les mains de la mort :

La PARQUE pleine d’injustice,
Nous ravit, Dimanche, ARTÉNICE ;
C’est ainsi que l’on appelait
La MARQUISE de RAMBOUILLET,
Dont l’Âme, belle et délicate,
Sans que nullement on la flatte,
Et pareillement le beau Corps
Firent de ravissants accords,
Et dont presque en sa Cendre encore
La charmante Idée on adore.
Elle eut pour ses Adorateurs
Tous nos plus célèbres Auteurs :
Les CHAPELAINS et les MALHERBES,
Qui de lui plaire étaient superbes,
Les BALZACS et les VAUGELAS,
Dont toujours elle fit grand cas,
Les VOITURES, les BENSÉRADES ;
Et l’on voyait sur ses Estrades
Encor ces deux Esprits charmants,
À savoir les deux Tallemant, [Le Sieur Tallemant des Reaux, et l’Aumônier du Roi,]
Dont l’un, Savant en Paragraphe, [Docteur en Droit Civil et Canon.]
A composé son ÉPITAPHE,
Qui pourra servir dignement
À mes Rimes de Supplément :

 

Ci-gît la divine Arténice,
Qui fut l’illustre Protectrice
Des Arts que les Neufs Soeurs inspirent aux Humains.
Rome lui donna la Naissance ;
Elle vint rétablir en France
La Gloire des anciens Romains ;
Sa Maison, des Vertus le Temple,
Sert aux Particuliers d’un merveilleux Exemple
Et pourrait bien instruire encor les Souverains.

 

-Robinet rend compte de la représentation de l’Alexandre de Racine, à l’Hôtel de Bourgogne cette fois-ci :

À L’HÔTEL, j’ai vu l’ALEXANDRE ;
Bon compte je vous en vais rendre.
FLORIDOR, cet Acteur charmant,
Le représente dignement,
Et DENNEBAUT, sa CLÉOPHILE,
De mille jeunes Charmes brille.
MONTFLEURY fait si bien PORRUS
Qu’il semble qu’il soit encor plus,
Et l’AXIANE, sa Maîtresse,
S’y rend admirable sans cesse
En l’excellente des oeillets,
Dont l’habit fut fait à grands frais.
Bref, EPHESTION et TAXILE
S’expriment en assez bon style
Par HAUTE-ROCHE et par BRÉCOURT ;
Et tous ces Acteurs, coupant court,
Font tout ce qu’on en peut attendre,
Pour bien retracer Alexandre.

 

 

La Muse de la Cour à Mademoiselle Borel, Fille de Monseigneur l’Ambassadeur de Hollande.

 

Huitième Semaine.

Du 3 janvier 1666, par Subligny.

 

 

-Subligny évoque à son tour la mort de la marquise de Rambouillet. Sa fille, Madame de Montausier qui avait donné le divertissement quelques jours auparavant, en est fortement affligée.

La Marquise de RAMBOUILLET,
Qui fit faire fortune au délicat VOITURE
Et rendit son ouvrage aussi fameux qu’il est,
A payé le tribut qu’on doit à la Nature.

 

La Grande MONTAUSIER, qu’elle accable d’ennui,
Perd en elle une illustre Mère,
Les MUSES un solide appui,

La France une grande Lumière.

 

Ô Mort, que ce coup rigoureux
À l’Univers serait funeste
Et ferait bien des malheureux
Sans la FILLE qui nous en reste !

 

-Mais les festivités ne sauraient être assombries par ce deuil et notre gazetier se fait l’écho d’un dîner fastueux du Roi au Palais-Royal en compagnie de Monsieur qui le régale d’un concert :

Le ROI soupa, Lundi, dans le Palais Royal,
Où MONSIEUR, qui n’a point d’égal,
Après un régale de viandes
Qu’on put trouver des plus friandes,
Lui donna pour second dessert
Un incomparable Concert.

 

-Puis il relate la création des Amours de Jupiter et de Sémélé de Boyer :

CURIEUX, allez voir la Pièce du Marais ;
Les Machines de l’Andromède,
Ne semblent, ma foi, rien auprès
De ce dernier ouvrage, à qui tout autre cède.

 

Le Machiniste avait, je crois, le diable au corps
Lorsqu’il fit de telles merveilles ;
On ne conçoit point les ressorts
De ses machines sans pareilles.
Mais sur ce peu de vers on n’en peut rien savoir.
Allez, vous dis-je, allez les voir.

 

MAROTTE y fait le Personnage
De la Princesse SÉMÉLÉ,
Dont maint Amant avec elle est brûlé,
Car cette aimable Actrice en vérité fait rage.

 

Que les feux dont la brûle un Jupiter Amant
Ne sont-ils aussi vrais que tous ceux qu’elle darde ?
Cela nous Vengerait, mais elle en goguenarde
Et croit qu’on dit cela par plaisir seulement.

 

 

Lettre du 10 janvier 1666, par Mayolas.

 

-Le couple royal participe aux festivités religieuses suivant le nouvel an :

Notre ROI comme notre REINE
Allèrent offrir pour Étrenne
Leurs coeurs dévotement à DIEU,
Le Jour de l’An, dans un saint Lieu.
Ce fut dans la Maison Professe
Que ce PRINCE et cette PRINCESSE
Ouïrent tous deux un Sermon
Très pieux, éloquent et bon
Par Monsieur l’Abbé de ROQUETTE,
Dont l’Âme savante et discrète
Prêcha non moins éloquemment
Que saintement et savamment.
Leurs MAJESTÉS, qui l’entendirent,
À son beau discours applaudirent,
Et d’autres Princes et Seigneurs
Furent tous ses admirateurs,
Aussi bien que les Jésuites,
Dont les vertus sont sans limites,
Qui par de pieux mouvements
Mirent les plus beaux Ornements,
En ce grand jour, dans leur Église,
Que sur toutes on solennise ;
Tout cet Ordre de grand renom
En porte le glorieux Nom ;
Leurs Prières et la Musique
Rendirent la Fête authentique.

 

-Et pour la fête de l’Épiphanie, un beau régal agrémenté de musique et de comédie est donné sous l’égide de Monsieur et Madame :

Le cinquième jour de ce mois,
Proprement la veille des Rois,
Fête solennel et Royale,
Où tout le monde se régale,
Que les petits comme les Grands
Font des banquets bien différents,
Où le sort fatal d’une Fève
À la Royauté nous élève
(Mais c’est jouer un triste tour
De n’être Roi que pour un jour),
Ce jour-là MONSIEUR et MADAME,
Qui n’ont tous deux qu’une même âme,
A souper traitèrent le ROI
En pompeux et galant aroi.
Ce PRINCE, avec beaucoup de zèle,
Ayant reçu MADEMOISELLE
Et les autres Principautés,
Rares en vertus, en beautés,
On alla dans la Galerie,
Où, sans aucune flatterie,
Grand nombre de lustres brillants
Et des miroirs étincelants,
Faisant voir différente image,
N’y laissèrent aucun ombrage.
Un Concert fort doux et charmant
Ouvrit le divertissement,
Les Instruments et la Musique,
D’une manière méthodique
Joignant leurs accords ravissants,
Enchantaient doucement les sens.
Après ce plaisir agréable,
On quitta ce lieu délectable
Pour aller d’un autre côté,
Où luisait autant de clarté.
Une plaisante Comédie
Suivit la douce mélodie,
Que les Comédiens Royaux
Par leurs soins et par leurs travaux
Représentèrent à merveilles,
Au gré des yeux et des oreilles.
Ensuite de ces passe-temps
Curieux et forts innocents,
Ces Personnes considérables
S’approchèrent de quatre tables
Qu’on servit toutes à la fois,
Ainsi qu’on ferait chez des Rois.
La galanterie et largesse,
L’abondance et la politesse,
Les mets les plus délicieux
Qu’on peut trouver en ces bas lieux,
Les Violons et la Musique,
Outre cette chère angélique,
Ne laisseraient rien à souhaiter
À ceux qu’on voulut bien traiter,
Et l’on trouva ce grand Régale
Digne de la Maison Royale,
Et digne du Palais-Royal.
Après le Souper vint le Bal,
Où les Dames et Demoiselles,
Des plus lestes et des plus belles,
Où les Seigneurs plus accomplis,
Des plus galants et des mieux mis,
Tant par l’éclat des pierreries
Que vêtements, galanteries,
Étalaient leurs traits à l’envi,
De quoi l’oeil était tout ravi,
Et cette charmante Assemblée
Ne fut jamais mieux régalée.

 

 

Lettre du 10 janvier 1666, par Robinet.

 

-Robinet relate la visite du Roi à Madame de Montausier : le souverain vient lui témoigner à la suite du décès de sa mère, Mme de Rambouillet.

Le ROI, dont l’Âme est Héroïque
Mais non pourtant dure et Stoïque
Lorsque Cloton prend dans sa Cour
Quelqu’un digne de son amour,
A paru sensible à la perte,
Partout le beau Monde soufferte,
D’ARTENICE, qui de ces Lieux,
A pris le beau Chemin des Cieux.
LOUIS donc, avec grande suite,
A sur cela rendu visite
À Madame de MONTAUSIER,
De mérite si singulier,
Et dont, sous le nom de JULIE,
Le Renom tant de Biens publie.
La REINE et, bref, toute la Cour
L’a vue aussi le même jour,
Preuve d’une estime bien chère
Et pour la Fille et pour la Mère.
La Défunte, ayant à son Corps
Désiré ce qu’on donne aux Morts,
Je veux dire la Sépulture,
Dans l’Enceinte et riche Structure
Des CARMÉLITES du Faubourg, [Saint Jacques.]
C’est là qu’il attend le Grand Jour
Où par d’inaltérables Trames
Les Corps seront rejoints aux Âmes.
Si j’osais sur son Monument,
Après l’illustre Tallemant,
Apprendre un sommaire Épitaphe,
Je dirais en bonne Orthographe :

 

Ce glorieux Tombeau dans son petit Pourpris
Enferme les tristes Débris
De l’un des plus beaux Corps qu’eût formé la Nature ;
Ce fut aussi pour plaire aux Dieux
Qu’elle employa ses soins les plus officieux
En son admirable Structure.

 

Car c’était pour loger une Âme où tous leurs Traits
Produisaient de divins Attraits
Et firent d’Arténice une Merveille illustre.
J’ai tout dit en disant ce nom ;
En tous Lieux il vola sur l’aile du Renom
Et laissa partout un beau lustre.

 

Son Âme est retournée en son Séjour Natal,
Suivant du Sort l’ordre fatal,
Mais elle se remontre ici-bas en Julie,
Ayant fait comme le Soleil
Qui de ses beaux rayons retrace son Pareil
Dans un superbe Parélie.

 

-Un des pères des Feuillants a fait au Roi un présent particulier : un arbre généalogique (avec commentaires) retraçant les dynasties royales jusqu’au Grand Roi. Ainsi :

Or DOM PRIEUR de ce COUVENT,
Personnage rare et savant
Et digne par plus d’un bon Titre
D’être couronné d’une Mitre,
Le régala, Mardi dernier,
Aussi d’un Présent singulier,
Savoir d’une CARTE HISTORIQUE
Et CARTE GÉNÉALOGIQUE,
Où, jusqu’à LOUIS-DIEU-DONNÉ,
Par un bel Arbre bien ordonné,
Il nous fait voir des ROIS de FRANCE,
De Branche en BRANCHE, la Naissance,
Avec leurs Frais, et les Vertus
Dont ils parurent revêtus ;
Et ce Grand Généalogiste,
En même temps bon Élogiste [sic],
Déclare enfin par un Écrit
Rempli d’Éloquence et d’Esprit,
Qu’il adresse à notre MONARQUE,
Que ce qu’en ces Rois on remarque
Et de Vertus et de Hauts Faits
Ne sont que les superbes Traits
Du fameux TABLEAU de sa GLOIRE
Qu’on place au TEMPLE de MÉMOIRE.
Au reste, on ne peut concevoir,
Lecteur, à moins que de le voir,
Le Prix de ce célèbre Ouvrage,
Et je puis dire qu’en notre Âge
Il n’est rien de si beau, ma foi,
Ni de plus digne d’un grand Roi.

 

-A son tour, notre gazetier se fait l’écho de la fête de l’Épiphanie donnée chez Monsieur. Comme à son habitude, Robinet est plus précis que ses «confrères” et la description plus étoffée :

Chez MONSIEUR, on les fit la Veille,
Mais comment ? ce fut à merveille,
Et jamais on ne vit Cadeau
Si pompeux, si brillant si beau.
Ce Prince, que, sans flatterie,
Nul n’égale en galanterie,
Ce soir-là, plus beau que l’Amour,
Dessous un éclatant Atour,
Reçut trente Dames parées
Et de Diamants éclairées,
Dans un Lieu dont les Ornements
Produisaient des Enchantements.
C’était la grande Galerie,
En rares Antiques fleurie,
Représentant de grands Héros,
Dont l’Histoire prône le Lot,
Et d’où la Nuit au teint de More,
Ainsi qu’au lever de l’Aurore,
Fuyait devant mille Clartés
Qui l’en chassaient de tous côtés.

 

LOUIS des premiers de la Fête,
Et qui pour lors, de pied en tête,
Portait pour trente millions
De Diamants, tous beaux et bous,
Survint Illec, avec MADAME,
Qui semblait aussi tout en flamme
Par l’éclat de ses Yeux si beaux
Et par celui de ses Joyaux,
Et la Grande MADEMOISELLE
Où l’on voit l’air d’une Immortelle,
Et qui de Dombes à la Cour
Était depuis peu de retour.
Alors, la divine URANIE
Par sa plus fine symphonie
Commença le royal Cadeau,
Et ce Concert-là fut si beau
Que chacun devint tout Oreilles
Pour en mieux goûter les merveilles.
Ensuite, on passa dans un Lieu,
Non moins brillant, non moins en feu,
C’est la petite Galerie,
Dont maints Bijoux d’Orfèvrerie
Et d’autres Meubles précieux
Font un charmant spectacle aux Yeux,
Et la seule TROUPE ROYALE
Y continua le Régale
Par un beau Plat de son Métier [Elle y joua la Coquette.]
Et tout à fait de son Gibier,
Qui de chacun purgea la Rate
Mieux qu’un Remède d’Hippocrate,
Et fit venir de l’Appétit
À la Compagnie un petit.
De là donc, pour le satisfaire
Ainsi qu’il était nécessaire,
On entra dans deux autres Lieux,
Fort éclairés, fort radieux,
Où l’on servit sur quatre Tables
Tous les Mets les plus délectables,
Dont l’abondance et le Ragoût
Ne satisfit pas moins le Goût
Que leur odeur et leur bel ordre,
Qui semblait inviter à mordre,
Et la Musique en même temps,
Délectèrent les autres Sens.

 

Notre MONARQUE, pour tout dire,
Illec de la Fève eut l’Empire,
Et la Charmante Deudicourt
Eut part à ce Règne si court.
Enfin, pour borner ce Chapitre,
Tout le plus beau de mon Épître,
Après cet honnête Repas,
Où le beau Sexe plein d’Appas
Était partagé comme en Marge
Ici je vous le cotte au large.
Les Courtisans, bons Baladins,
Aussi bien que bons Paladins,
Étant arrivés pour la Danse
En belle Couche, en conscience,
On passa dans le Lieu du Bal,
Où l’on ne s’exerça pas mal.
LOUIS, d’une si haute mine,
Y mena d’abord l’HÉROÏNE
Dont le Nom fait voler nos Vers
Avec honneur par l’Univers.
Puis MONSIEUR et MADEMOISELLE,
Faisant un très beau Paralèlle,
Montrèrent qu’il étaient versés
À faire Pas bien cadencés.
Les autres Galants et Galantes,
Tous brillants et toutes brillantes,
Continuèrent à leur tour,
De sorte que le Point du JOUR
Les surprit quasi dans la Lice,
Où l’AMOUR, des BELLES Complice,
Faisait à leurs Attraits Vainqueurs,
En ballant, conquêter [sic] des Coeurs.
D’URSINI la noble ÉMINENCE,
Dont l’on fait tant de cas en FRANCE,
Fut Témoins agréablement
De ce beau Divertissement,
Ayant aussi fait chère exquise
Chez l’illustre Dame et MARQUISE [De Saint Chamont.]
Qui conduit sous ses sages Lois
Le beau MONSIEUR Duc de VALOIS,
Avec sa SoeUR, MADEMOISELLE,
Qui sait bien déjà que c’est Elle.

 

-Plus précis, donc, il explique que la Reine n’a pas participé à ces festivités en raison du deuil qu’elle observe pour la disparition de son père, Philippe IV d’Espagne. Elle a cependant reçu, le lendemain dans le calme et la solennité de son logis, quelques-unes de ses proches :

La REINE, à cause de son Deuil
Pour le Roi son Père au Cercueil,
Se privant de ces Allégresses,
Contraires aux grandes Tristesses,
Traita dans son Appartement,
Le lendemain, paisiblement,
À la clarté de maints grands Lustres,
Diverses Personnes illustres,
Dont je nomme de très bon coeur
Et MADEMOISELLE et sa SoeUR. [Mademoiselle d’Alençon.]

 

 

La Muse de la Cour à Madame de Barthillat.

Neuvième Semaine.

 

Du 11 janvier 1666, par Subligny.

 

-Subligny relate à son tour la fête de l’Épiphanie qui fut donnée au Palais Royal :

On fit les Rois, Mardi, dans le Palais Royal ;
Le PRINCE ORSINI, Cardinal,
Qui s’y fit admirer en s’y faisant paraître,
Quoiqu’à l’air magnifique en tout accoutumé,
S’émerveille encore peut-être,
Des superbes objets dont il y fut charmé.

 

Rien d’égale aux Tapisseries ;
Tout y semblait de Pierreries :
Le ROI sur son habit en avait un trésor,
Qui, sans imposture et sans fable,
Valait plus d’un million d’or,
Cela n’est-il pas bien aimable ?

 

MONSIEUR en était radieux,
Partout MADAME en chassait l’ombre ;
Pour elle, c’est un coup des Dieux
Qu’elle en avait un si grand nombre :
Tandis qu’on s’amusait à les examiner,
On détournait ses yeux des traits de son visage,
Qui, selon l’apparence, à coeurs exterminer
N’est pas à son apprentissage.

 

La jeune de BRANCARS, dont l’air est si charmant,
Avec ses pierres précieuses
Et ses fiertés pernicieuses
N’y semblaient qu’un vrai Diamant,

 

Et trente autres BEAUTÉS suprêmes,
Dont on m’a tu les noms et dont les yeux sont doux,
N’y semblaient, dit-on, elles-mêmes
Que de fins et jolis Bijoux.

 

Le ROI fut Roi dans cette fête ;
Le Destin, tout hardi qu’il est,
N’oserait avoir fait d’autres ROIS à sa tête,
Où ce grand MONARQUE paraît.

 

Il faut que ce soit en Musique
Que l’on ait crié LE ROI BOIT,
Si l’on cria ; quoi qu’il en soit,
Le tout y fut très magnifique,
Et la Comédie et le Bal,
Dont ces choses s’accompagnèrent,
Ne divertirent pas trop mal
Les fortunés qui s’y trouvèrent.

 

-Il évoque le mariage de Mlle d’Artigny (demoiselle d’honneur de Madame et amie intime de Mlle de La Vallière) avec le marquis du Roure (fils du comte du Roure, l’un des anciens protecteurs de Molière et de sa troupe en Languedoc). La fête se déroule ensuite chez le duc de Créqui, où l’on donne « la comédie“: c’est à cette occasion que fut créée, en avant-première, la nouvelle tragédie de Thomas Corneille, Antiochus :

D’ARTIGNY n’est donc plus cette admirable Fille
Qui charmait tout par sa douceur ?
On croit que j’annonce un malheur ;
Qu’on ne s’y trompe pas, c’est qu’elle est en famille,
Et qu’un illustre Époux en est le possesseur.

 

Notre grand ROI signa ses patentes de Femme,
Sous un riche Dais, chez MADAME ;
De là l’on se rendit chez un grand DUC et PAIR
Pour voir la Comédie, y danser et souper,
Ce qui se fit bien mieux que je ne puis l’écrire,
À la CRÉQUI, c’est tout vous dire.

 

Après cela, sa MAJESTÉ,
Pleine de joie et de bonté,
Fit coucher le COMTE DU ROURE ;
MADAME en fit autant de l’aimable ARTIGNY.
Ah ! petit Amour, qu’o te bourre !
De la façon que ce couple est uni,
Le grand PRINCE qui les assemble
Te ravit les moyens de les brouiller ensemble.

 

MADAME fit sortir de cet appartement
Un petit TROUPEAU de PUCELLES
Qui s’attendait à voir ce Mystère charmant.
Ô qu’elle en usa prudemment !
Amour prêt à faire querelles
De n’avoir pas le lieu d’y loger ses chagrins,
Indubitablement les aurait mis chez elles ;
Il a fait des tours aussi fins.

 

 

Lettre du 17 janvier 1666, par Mayolas.

 

-Comme Subligny avant lui, Mayolas fait état de la représentation des Amours de Jupiter et Sémélé, de Boyer :

Le commencement et le cours
Et la fin des tendres Amours
De Jupiter et de Sémelle
Font d’une manière si belle
Partout chanter et publier
Le savoir de Monsieur BOYER
Qu’il est bien juste que je die
Que cette Tragicomédie
Est pleine d’Actes surprenants,
De Vers et de pensers charmants.
Chacun admire une Machine
Qui semble être presque divine,
Faisant si promptement aller
Et du bout à l’autre voler
Cette éclatante Renommée,
Des honnêtes Gens tant aimée.
Du Théâtre les changements,
Décorations, ornements,
Augmentent la magnificence
De cet Ouvrage d’importance,
Et les talents particuliers
De l’esprit de Monsieur MOLIER,
Par un Concert incomparable,
La rendent fort recommandable.
Le ROI, MADAME, avec MONSIEUR,
Lui voulurent faire l’honneur
De l’honorer de leur présence,
Avecque les plus Grands de la France.
À moi, qui l’aime dessus tous,
Il m’en coûta jusqu’à cent sous,
Soit en grande ou petite espèce,
Pour voir à mon tour cette Pièce.
Les Comédiens du Marais,
Pour leur gloire et leurs intérêts,
Ont montré non moins de justesse
Que de pompe et de gentillesse ;
Et tout le monde y court aussi
Pour voir ce que j’en dis ici.

 

-S’ensuit le fameux mariage de Mademoiselle d’Artigny et son divertissement dramatique :

À ce coup je puis assurer
Et sans mentir réitérer
Ce que j’avais dit par avance,
Dans l’excès de réjouissance,
De l’Hymen heureux et parfait
Qui, Samedi dernier, fut fait.
Du ROURE, Marquis admirable,
Non moins vaillant qu’il est aimable,
A, pour le certain, fiancé
Et pompeusement épousé
D’ARTIGNY, charmante Pucelle,
Très vertueuse, noble et belle.
Le ROI, MADAME, avec MONSIEUR,
Et mainte autre Dame et Seigneur
A l’illustre Noce assistèrent
Et, sans doute, au Contact signèrent,
Cette grande solennité
Avec beaucoup de gaieté
Fut fait en leur noble présence
Par le grand Prélat de Valence.
Monseigneur le Duc de CRÉQUI,
Parent de ce Marquis, et qui
Fit avec plaisir la dépense
De toute la magnificence,
Et dans son Hôtel, en ce jour
A régalé toute la Cour.
Dans une grande et belle Salle,
On vit par la Troupe Royale
Représenter ANTIOCHUS,
Poème BONUS, OPTIMUS,
De l’habile Monsieur CORNEILLE,
Qui fait des Rimes à merveille,
Et dont les Ouvrages divers
Le prônent partout l’Univers.
Un Ballet à plusieurs Entrées,
Agréablement préparées,
Ne les divertirent pas mal,
Non plus que la beauté du Bal.
De là, vous jugerez vous-même
Si l’allégresse était extrême
Et si ce beau Couple d’Amants
Ont eu de doux contentements.
Sans doute, après cet Hymènée,
Qu’avant la fin de cette année
Nous verrons sous leurs étendards
Ou quelque Amour ou quelque Mars.

 

 

Lettre du 16 janvier 1666, par Robinet.

 

-Où l’on revient sur le déjà deux fois narré mariage de Mademoiselle D’Artigny — mais dans une description plus détaillée :

Parlant dans un autre ramage,
Qu’Elle parut digne d’hommage,
SAMEDI, dans son beau Palais,
Où, brillant de pompeux attraits,
Elle était le JUNON illustre
Qui présidait en son Ballustre
À l’HYMEN du Couple charmant
Dont je parlais dernièrement !
Car ce fut en cette Journée,
Par une heureuse Destinée,
Que l’admirable d’ARTIGNY,
C’est-à-dire un Objet muni
D’Appas, d’Esprit et de Jeunesses,
Avec une pleine allégresse,
Donnait la main à ce MARQUIS
Qui son beau Coeur avait conquis,
Marquis vraiment jeune comme Elle
Et même aussi beau qu’elle est belle,
Marquis bref de bonne Maison,
Du ROURE ayant le fameux Nom.
Ce fut le PRÉLAT de VALENCE
Qui serra ce Noeud d’importance,
Prononçant le cher CONJUNGO
Qui mettait leurs Coeurs à gogo.
On les fiança chez MADAME,
Lors plus brillante que la Dame
Dont au Matin l’Aspect riant
Charme les Peuples d’Orient.
Le MONARQUE et son FRÈRE UNIQUE,
Qui faisaient lors aussi la nique
Par leur éclat au Dieu du Jour,
Dont Elle annonce le retour,
Étaient à la Cérémonie
Avec une ample Compagnie,
Car tout la Cour était là,
Et je puis jurer de cela,
Puisque avecque la Muse nôtre
J’y portai mon nez comme un autre.
Ensuite les deux Fiancés,
Dans leurs Amours bien avancés,
Furent avec la Parantelle
Et toute la noble Séquelle,
Devinerez-vous bien chez qui ?
Ce fut chez le DUC de CRÉQUI,
Où, beaucoup mieux que chez Mandoce,
Se fit le beau Festin de Noce.
Outre qu’il est autant et plus
Magnifique qu’un Lucullus,
Quand il faut faire avec dépense
Un Convive de conséquence,
Étant Parent du Fiancé
(En quel degré, je ne le sais),
Il voulut que de ce Régale,
La Chère parut sans égale.
En effet, tout y fut brillant,
Poli, copieux et galant,
Et de l’Hôtel la noble Hôtesse,
La belle et charmante DUCHESSE,
L’Aimant délicieux des Coeurs,
De sa Maison fit les Honneurs,
Avec tant de grâce et de gloire
Qu’on n’en peut perdre la Mémoire.
Avant ce superbe Banquet
Qui rend si fécond mon caquet,
La COMIQUE et ROYALE TROUPE,
Qui semble avoir le vent en poupe,
Représenta l’ANTIOCHUS,
Poème si beau que rien plus,
La dernière des Doctes Veiles
Du plus jeune des deux CORNEILLES,
Qui n’avait point encore paru
Et qui certes a beaucoup plu.
Après, BACCHUS, le Dieu des Brindes,
Se fit voir Triomphant aux Indes,
Dans un Ballet fort enjoué,
Et qui fut aussi fort loué,
Où, pour au Grand MONARQUE plaire,
La charmante Sirène HILAIRE,
Fit merveille avec d’ESTIVAL.
Enfin, par un aimable BAL,
On finit la Réjouissance,
Mais après, pour une autre Danse,
On coucha dans un Lit pompeux
Ce beau Couple, selon ses Voeux,
Car peu lui plaisait la remise,
Et le ROI donna la Chemise,
Avecque MONSIEUR, à l’ÉPOUSE,
Par un honneur certes bien doux,
Comme pareillement MADAME,
Avec une autre aimable Dame,
À l’Épouse aussi la donna,
Et puis on les abandonna
Tant à l’AMOUR qu’à ses Complices,
Qui les comblèrent de Délices
Que, sans que j’en dise Ici rien,
Chacun devinera très bien.

 

-Une nouvelle intéressante à propos des arts. Notre gazetier révèle que Colbert a présidé à une cérémonie d’hommages rendue à ceux qui font profession d’imiter la nature, par le marbre ou la peinture. Il a distribué les prix aux plus fameux d’entre eux :

Entre les beaux et fameux Arts
Qu’on voit fleurir de toutes parts,
Le brillant ART de la PEINTURE,
Avec celui de la SCULPTURE,
Va reprendre un nouvel éclat
Sous le glorieux POTENTAT
Qui tous si bien les favorise.
MONSIEUR COLBERT, que tant on prise
Et qui d’une belle hauteur,
En est le Vice-Protecteur,
Naguère, en leur Académie,
Qui par ses soins est affermie,
Distribua les PRIX charmants
Que ce MONARQUE, tous les Ans,
Destine en faveur des ÉLÈVES
Qui donnent à qui mieux des preuves
Du progrès qu’ils font dans cet Art
Pour à ces beaux Prix avoir part.
Leur CHANCELIER, que l’on appelle
Le BRUN, et le premier APPELLE
De l’ALEXANDRE des FRANCAIS
Qui surpasse les plus grands Rois,
Fit un Discours savant et sage
Sur les beautés et l’avantage
De ces deux Arts des plus anciens ;
Et puis, les Académiciens
Ayant tous donné leurs Suffrages,
Trois reçurent les Nobles Gages
De la Victoire et de l’Honneur
Par les mains du susdit Seigneur. [Monsieur Colbert.]

 

-Plus succinctement, notre gazetier relate le déplacement deJupiter et Sémélé, de Boyer qui fut donnée devant le roi :

Sa MAJESTÉ, le même jour,
Presque avecque toute la Cour,
Fut voir, sans mouiller la semelle,
Comment JUPITER et SÉMÉLÉ
Se font l’amour, sur nouveaux frais.
Dans les Machines du Marais.
Ce sont, ce dit-on, des Merveilles
Pour les yeux et pour les Oreilles :
Pour les Oreilles, je le croi
Ainsi qu’un Article de Foi,
Car BOYER, qui sur le Théâtre,
Fait du bruit presque autant que quatre,
De ce poème a fait les Vers,
Et MOLIÈRE a fait les Concerts.
Mais quand nous aurons vu l’Ouvrage
Nous en jaserons davantage.
Et j’ajoute ici seulement
Que la Roque fit Compliment
Ou harangue à notre beau Sire,
Autant bien qu’on le saurait dire.

 

 

La Muse de la Cour à son Éminence Monseigneur le Cardinal Prince Orsini.

 

Dixième Semaine.

 

Du 18 janvier 1666, par Subligny.

 

 

-Subligny évoque à son tour la représentation exposée ci-avant des Amours de Jupiter et Sémélé de Boyer devant le roi :

Le ROI ces jours passés vit les grandes Machines
Des Comédiens du Marais,
Qui furent à son gré superbes et divines
Dans ses Vols, ses Rochers, ses Eaux et ses Palais.

 

Les Acteurs s’étaient mis en frais
Pour divertir ce grand MONARQUE,
Aussi leur donna-t-il une obligeante marque
Que son plaisir y fût plus parfait que jamais.

 

-Puis il explique que prêt quitter les lieux pour la Picardie, le même Roi a différé son départ au vu de l’état de santé inquiétant de la Reine-Mère :

 

APOSTILLE.

Le départ du ROI se diffère
À cause de la REINE-MÈRE ;
Le Ciel, en sa faveur prodigue de secours,
Ne l’arrête que pour trois jours !

 

-Cette fois-ci, pourtant, la Reine-Mère ne se remettra pas. Dans leurs lettres suivantes les gazetiers annoncent la mort d’Anne d’Autriche et communient dans la déploration. L’affliction est sincère et profonde.

 

 

Lettre du 7 février 1666, par Mayolas.

 

-Gombauld, Jean Ogier de Gombauld, auteur entre autres de L’Amarante, n’est plus. L’Académie l’avait honoré en 1634 :

GOMBAULD, un de nos beaux Esprits,
Mourut, l’autre jour, à Paris.
Comme les plus grands Personnages
Il revivra dans ses Ouvrages ;
Il ne lui manquait sur ce point
Qu’à notre Église il se fut joint.

 

 

Lettre du 14 février 1666, par Robinet.

-Une grande dame de la cour, Mademoiselle de Brancas, qui était atteinte de petite vérole, a retrouvé la santé :

MADEMOISELLE de BRANCAS,
Cette jeune Source d’Appas,
A de la Petite Vérole
Qui les plus brillants Teints désole,
Senti l’insulte si fatal [sic],
Mais, quitte de ce hideux mal,
Plus que jamais son beau Visage
Est digne d’amoureux hommage,
Et nous montre d’Attraits vainqueurs
À faire soupirer les Coeurs.

 

 

Lettre du 21 février 1666, par Mayolas.

 

-François Colletet, fils du poète Guillaume du même nom mort en 1659 (dont l’annonce, on s’en souvient, avait été faite à l’époque par Loret), a fait parvenir à Mayolas son dernier ouvrage nouvellement imprimé :

Un des jours de cette semaine,
Monsieur COLLETET prit la peine
De m’envoyer, dans ses Écrits,
La seconde part de Paris,
Et dont la première Partie
De quelque autre Veine est sortie.
L’Ouvrage est tout à fait plaisant,
Galant, brillant, divertissant ;
Il l’offre à Monsieur de LINGENDRES,
Digne de ses belles Légendes,
Et l’Imprimeur, nommé RAFFLÉ,
Connaissant son prix, l’a raflé.
Par ce beau jeu de son Génie,
Plein d’une douceur infinie,
Et par d’autres pareillement,
On peut connaître clairement
Que ce Fils est digne du Père
Dont les oeuvres sont en lumière.

 

-Mayolas relate le déplacement du Roi, depuis son château de Saint-Germain, à la foire du même nom, pourtant située au coeur de Paris. Notre gazetier était présent, semble-t-il, puisqu’il explique avoir ensuite visité l’atelier d’un nommé Francizin, marionnettiste de son état, qui joue à représenter «en miniature” la tragédie à machines de Boyer (Les Amours de Jupiter et de Sémélé) créée au Marais le 1er janvier précédent.

Jeudi, notre GRAND SOUVERAIN,
Étant parti de Saint Germain
Où la Cour élit domicile,
Vint dans notre superbe Ville,
Escorté, suivi, secondé
Du vaillant Prince de CONDÉ,
Du Duc d’Enghien, très brave Prince,
De Maint Gouverneur de Province,
Et de nombre de Courtisans.

 

Pour le gain des riches Marchands,
Le ROI fit un tour à la Foire,
Pour son plaisir et pour leur gloire ;
Ensuite, il reprit son chemin,
Et moi j’entrai chez FRANCIZIN.
Ce Joueur de Marionnettes
A des Machines si parfaites,
Des Figures pareillement,
Qu’il ne fut rien de si charmant,
Et l’on n’a point vu de merveilles
En France à celles-là pareilles.
Il représente justement
Et tout à fait naïvement
Des Amours la trame fidèle
De Jupiter et de Sémélé [sic]
Qu’au Marais les Comédiens,
Dont on aime les entretiens,
Avec une allégresse extrême
Ont fait voir à notre ROI même,
Quatorze Décorations,
Avecque [sic] les proportions
En même justesse galante,
Sa Troupe vous les représente.
Parmi ce divers ornement
Du Théâtre divertissant,
Ballet, Farces et Comédies
Sont aussi vus et bien ouïes,
Suivis d’un concert des plus fins
Que forment plusieurs Clavecins,
Dessus et Basses de Viole,
Plus touchant que n’est la parole.
Parmi les plaisirs que voilà
On entend, outre tout cela,
Une agréable Symphonie,
Moitié de France et d’Italie,
Et lui seul, en Homme d’honneur,
Jure d’être l’unique Joueur
De cette méthode nouvelle,
Sans oublier Polichinelle,
Ainsi que Dame Antonia,
Et Francisquine ; tant y a
Que toutes trois, par leur adresse,
Font toujours quelques gentillesse.
Vous pourrez voir ce que je dis,
À deux heures après midi,
Tandis qu’il est dans le Royaume,
Logé dans un grand jeu de Paume, [rue des Quatre-Vents, près la Foire.]
Ou bien, si vous le voulez tous,
Il se transportera chez vous.

 

 

Lettre du 21 février 1666, par Robinet.

 

-A la suite de Mayolas, Robinet évoque la visite du Roi auprès de sa tante puis à la foire Saint Germain :

Jeudi, notre PORTE-COURONNE,
Qui de tant de gloire rayonne,
Ce ROI si rare et si charmant,
Vint visiter pareillement
Cette REINE, sa bonne Tante,
En tant de Vertus éclatante.

 

Ledit MONARQUE DIEU-DONNÉ,
Lors de MONSIEUR accompagné,
Et de grands Seigneurs en beau nombre,
Qui le suivent comme son Ombre,
Le même Jour, il est certain,
Fut à la Foire Saint Germain,
Et les Marchands, je vous le jure,
En tirèrent un bon augure,
Sachant bien que la Chance et l’Heur
Suivent partout ce grand VAINQUEUR.
Ils en eurent l’expérience,
Car, de fait, Madame la Chance,
Jetant avec Lui le Dé,
Il en fut si bien secondé
Qu’il gagna pour cent mille livres,
Non de Peintures ou de Livres,
Mais de Tables, de Bracelets ;
Jugés s’ils doivent être laids.

 

-Mais il rassure surtout le public parisien : Molière qui était souffrant a recouvré la santé.

Je vous dirai, pour autre AVIS,
Que MOLIÈRE, le DIEU du RIS
Et le seul véritable MOME,
Dont les CIEUX n’ont qu’un vain Fantôme,
A si bien fait avec CLOTON
Que la Parque au gosier glouton
A permis que sur le Théâtre
Tout Paris encor l’idolâtre.
Oui, tel est le Décret du Sort,
Qui certes, nous oblige fort,
Que du Comique ce grand Maître
Dans quelques jours pourra paraître.

 

-Molière précisément a déjà des successeurs… Successeurs bien précoces si l’on en croit Robinet qui relate la représentation (non dénuée d’un certain talent) qu’une troupe d’enfants a donné sur la scène du Palais-Royal :

Cependant, au PALAIS-ROYAL,
Avec un plaisir sans égal,
On peut voir la Troupe enfantine
Qu’on nomme la TROUPE DAUPHINE,
Dont les Acteurs, à peine éclos,

Ressources complémentaires

Les spectacles et la vie de cour selon les gazetiers
Chronologie moliéresque
Textes du XVIIe siècle en version intégrale
Textes de Molière en version diplomatique

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