Robinet, Lettre du 3 octobre 1671

Dans la Lettre à Monsieur du 3 octobre 1671, Robinet relate une visite du roi lors d’une représentation de Psyché :

Souffrez, Grande Altesse Royale,
Qu’au Recueil dont je vous régale,
Aujourd’hui, jour de Samedi,
Je marque d’abord, que Mardi,
Vous fûtes, avec belle Suite,
Et maintes Personnes d’Élite,
Au grand Spectacle de Psyché,
Dont tout le Monde est alléché,
(La chose est très constante, et sûre)
Dans l’agréable Miniature,
Où la digne Troupe du Roi,
Le donne en si brillant arroi,
Et, même, avecque des merveilles
Pour les Yeux, et pour les Oreilles,
Qu’ailleurs, on n’y découvrait point.
Vous savez bien, touchant ce Point,
Grand Prince, que je ne mens mie,
Et s’il faut qu’ici, je les die,
L’une est cet Amour Féminin,
Dans un âge tout enfantin,
Qui, par sa Voix, et par son geste,
Et sa grâce toute céleste,
Vous surprit, ravit et charma,
Et, pour Vous, si bien s’anima,
Que, de Votre Royale Altesse,
Elle en eût Éloge, et caresse.

 

L’autre est cet étonnant Sauteur,
Qui, d’une si belle hauteur,
Se culebute, et pirouette,
Sans toucher de pied, main, ou tête,
La Terre, en aucune façon,
Et qui marche, encor, tout de bon,
Sur les mains, de la même sorte,
Qu’un autre, sur ses pieds, se porte :
De quoi chacun tout étonné,
Croit qu’il s’est, au Diable, donné.

 

Mais, le jour de votre Présence
Qui plût, beaucoup, à l’Assistance,
On voyait là, depuis deux fois,
Ce que noter, surtout, je dois,
Une Merveille sans seconde,
Laquelle charme tout le Monde,
Une Actrice de quatorze ans,
Qui, récitant des Vers, trois cents,
Et cinquante, encor, que je pense,
Jouait un Rôle d’importance,
Et des plus forts, certainement,
Avec tout l’air, tout l’agrément,
Le jugement, la suffisance,
La douceur, la belle prestance,
Et, bof, les agitations,
Et toutes les inflexions
De voix, et de corps, nécessaires,
Dedans les Théâtraux Mystères.

 

L’Actrice dont je parle ainsi,
Est la petite du Croisi,
D’esprit, et de grâce pourvue,
Et, de vous, assez bien connue ;
Qui, dans deux jours avait appris
Ce beau Rôle qu’elle avait pris
De la grande Actrice choisie,
Beauval, qui, d’un beau feu, saisie,
Sait jouer, admirablement,
Surtout, un Rôle véhément.
Or cette merveilleuse Actrice,
Lors, de Psyché, Coadjutrice,
Jouait son Rôle, et le jouera,
Tandis que malade sera
Mademoiselle de Molière,
Autre Actrice si singulière,
Qui sait jouer si finement,
Si proprement, si noblement,
Que tout chacun, je le puis dire,
À la revoir, en bref, aspire.

 

Mais ajoutons, encor, ici,
Pour la Pucelle du Croisi,
Deux ou trois petits mots d’Histoire,
Qui font le comble de sa gloire :
À savoir, ô charmant Héros !
Que vous chantâtes là, son los,
Et l’exaltâtes, comme un Ange,
Avec Madame de Thiange,
L’illustrissime de Brégis,
Dont un seul bon mot en vaut dix,
Et, bref, Madame de Fiennes,
Laquelle, des Louanges siennes,
Avec justice, la combla :
Et comme j’ouïs tout cela,
Ainsi qu’un Écho, très fidèle,
Je le répète en faveur d’elle.

 

Voir Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1671.

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