Que mon moineau ne sorte

« […] – C’est Monsieur. – Ouvre vite. – Ouvre, toi. – Je souffle notre feu.- J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte.
L’Ecole des femmes, I, 2 (v. 205-207)

Le mot italien passerotto (moineau) est utilisé dans le premier des Ragionamenti de l’Arétin pour désigner le sexe masculin. Le contexte dans lequel il apparaît comporte également les termes de « gatta » (« chatte ») et de « soffiare » (« souffler ») :

La reverenda Paternità chiamò i tre fratini e, appoggiato su la spalla a uno cresciuto inanzi ai dì tenero e lungo, dagli altri si fece cavar del nido il passerotto che stava chioccio chioccio; onde il più scaltrito e il più attrattivo lo tolse in su la palma, e lisciandogli la schiena come si liscia la coda alla gatta che ronfiando comincia a soffiare di sorte che non si puote più tenere al segno, il passerotto levò la cresta di maniera che il valente generale, poste le unghie a dosso alla monica più graziosa e più fanciulla, recatole i panni in capo le fece appoggiare la fronte nella cassa del letto.
( Giornata prima)

 

Le terme « moineau » peut évoquer la vigueur sexuelle, si l’on en croit le dictionnaire Richelet :

– Moineau : Petit oiseau gris, ou couleur de terre qui vit neuf, ou dix ans, qui est solitaire et fort chaud en amour. On dit que les oeufs et la cervelle des moineaux pris dans quelque électuaire sont bons pour donner de la vigueur à ceux qui n’en ont pas assez pour les choses du mariage. […] [Voyez Passereau.] (Richelet)
– Passereau : Ce mot s’écrit, mais il ne se dit guère en parlant. On se sert en sa place du mot de moineau qui signifie la même chose que celui de passereau. [Un Auteur Italien dit que le passereau coche sa femelle quatrevingts et six fois de suite. Il maschio del passero monta le femine ottanta sei volte senza arrestarsi.] (Richelet)

 

Ou un poème de Claude Malleville :

ce prince nouveau qui, mieux fourni qu’un âne et plus chaud qu’un moineau, rendrait de cent putains, sur le champ renversées, les désirs assouvis et les forces lassées.
(Oeuvres poétiques, 1649, p. 546)

 

L’image de l’oiseau évoquant le membre viril est attestée dans deux Chansons de Gaultier-Garguille (1631) :

Belle, je vous offre un oiseau,
Qui s’est échappé de la mue ;
Mais il lui manque le cerveau
Et la plus grand’part de la queue.
Si vous le muez à loisir,
Il vous donnera du plaisir.
[…]
Ce brave oiseau, fin et subtil,
Aime le poil comme la plume.
Mais quand il vole le connil,
Il est si âpre qu’il s’enrhume.
Si vous le muez à loisir,
Il vous donnera du plaisir.
(éd. E. Fournier, 1858, p. 21)

 

Une fille de village
Avecque son bavolet,
Elle m’a prêté sa cage,
Pour loger mon perroquet.
[…]
La cage était trop petite,
Il n’y entra que le bec.
Puis poussant et faisant rage
Il y entra tout à fait.
(p. 87-88)

 

L’association du moineau et du chat dans une perspective sexuelle appartient à une longue tradition iconographique vivace au XVIIe siècle (1)

(1)
indication aimablement fournie par Mickaël Bouffard

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