On n’en peut pas dire de bien

« Quant aux scrupules que vous avez, votre père, lui-même, ne prend que trop de soin de vous justifier à tout le monde; et l’excès de son avarice, et la manière austère dont il vit avec ses enfants, pourraient autoriser des choses plus étranges. Pardonnez-moi, charmante Élise, si j’en parle ainsi devant vous. Vous savez que sur ce chapitre on n’en peut pas dire de bien. »
L’Avare, I, 1

L’avarice est un vice fermement condamné dans la culture mondaine – à proportion du crédit qui est accordé à la libéralité ou magnificence.

 

Les deux inclinations sont opposées systématiquement, au livre V, 1 du Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry, par le biais du portrait des deux soupirants Mexaris et Abradate :

[Mexaris] avait une richesse qui ne se doit presque pas à celle du roi son frère ; mais si leurs fortunes étaient différentes, leurs inclinations l’étaient encore plus : parce que l’avarice était celle qui règlait toutes les actions de Mexaris, et que la libéralité était la vertu dominante de l’âme d’Abradate. En effet, je ne pense pas que ce Prince soit plus brave qu’il est libéral, quoiqu’il le soit autant qu’on le peut être ; Mexaris, au contraire, était avare en toutes choses : s’il faisait bâtir, il y avait toujours quelque épargne peu judicieuse, qui gâtait tout le reste de la dépense qu’il avait faite : s’il donnait, c’était tard ; c’était peu ; et c’était encore de mauvaise grâce et avec chagrin. Son train était assez grand, mais mal entretenu ; sa table était petite et mauvaise, pour un si grand prince, et déguisant son avarice d’un faible prétexte, il n’avait presque jamais que des habillements tout simples, disant qu’il y avait de la folie à se faire considérer par cette sorte de dépense. S’il jouait, il jouait seulement pour gagner, et non pas pour son divertissement ; et de la façon dont il s’affligeait quand il avait perdu, on voyait que c’était plutôt un commerce qu’un jeu. Enfin il paraissait en toutes ses actions, et même quelquefois en toutes ses paroles, qu’il y avait si peu de magnificence dans son coeur, que ce qu’il avait de bon d’ailleurs, était presque compté pour rien. Il avait beau être adroit, et avoir de l’esprit, cette basse inclination faisait qu’on ne le pouvait aimer.( p. 2781)

 

Plus loin, une conversation est consacrée à la comparaison des mérites respectifs de l’amant avare et de l’amant libéral ( p. 2811-2821)

 

L’avarice fera à nouveau le sujet d’une des Conversations morales (1686) de Madeleine de Scudéry (t. II, p. 681sq). Il y sera, entre autres, déclaré :

L’avarice a quelque chose de si bas qu’on ne peut trop mépriser ceux qui en sont capables et qui passent toute leur vie à amasser des richesses, sans en faire jamais nul usage raisonnable, ni pour leur commodité, ni pour leur plaisir, ni pour leur honneur.
(p. 690-691)

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