Occidendi impune

« Dono tibi et concedo
Virtutem et puissanciam,
[…]
Occidendi impune per totam terram. »
Le Malade imaginaire, Troisième intermède

La formule « tuer impunément » est fréquemment utilisée dans la littérature anti-médicale

– de tradition satirique, par exemple
– *dans l’épître dédicatoire qui introduit Le Médecin volant de Boursault (1665) (1)

– d’inspiration philosophique, par exemple
– *par Montaigne, dans l’essai « De la ressemblance des enfants aux pères » ( II, 37) (2)
– *par Cornelius Agrippa, dans le De vanitate scientiarum (1531) (3)
– *par La Mothe le Vayer
– **dans le XXe de ses Problèmes sceptiques (1666) (« Faut-il déférer aux invectives, dont usent beaucoup de personnes, à l’exemple de Caton, contre la médecine ? ») (4)
– **dans le Discours pour montrer que les doutes de la philosophie sont de grand usage dans les sciences (1669) (5)

 

Elle provient du Livre XXIX de l’Histoire naturelle de Pline (5)

 

(voir également « ceux qui sont morts sont morts »)

 

 


 

(1)

Je vous proteste que, si l’on m’appelait à la police, j’y donnerais si bon ordre qu’il ne serait plus permis d’assassiner impunément un homme; et ces messieurs qui ne sont médecins que par la soutane, seroient obligés durant quelques années que je limiterais, de faire l’épreuve de leur science sur les animaux qui ne sont plus propres au travail.
(p. 15-16)

 

(2)

Un médecin vantait à Nicoclès, son art être de grande autorité: vraiment c’est mon, dit Nicoclès, qui peut impunément tuer tant de gens.
(éd. C. Journel, Paris, 1659, p. 794.)

 

(3)

Il ne chaut si le médecin, par ignorance ou malice, folie ou négligence, à l’aventure ou de propos délibéré, baille du poison au lieu d’une médecine, et mette l’homme en danger de la vie ; comme ce soit il mérite la mort, et non pas donner lieu à ce que dit Pline, que pleine impunité est octroyée au médecin d’avoir tué un homme.
(traduction de 1582, p. 440-441)

 

(4)

Un Grec a écrit de même qu’il n’est permis qu’aux juges et aux médecins de faire mourir les hommes impunément.
(V, 2, p. 284)

 

(5)

Ce que la médecine a de fort avantageux, c’est qu’encore qu’un barbarisme diffame un grammairien, que le solécisme fasse de même perdre le crédit à un orateur, et qu’une longue syllabe pour une brève fasse perdre la réputation à un poète, un médecin tue son malade impunément, la terre couvrant ses fautes sans qu’on les lui impute.
(édition des Oeuvres de 1756, V, 2, p. 63)

 

(6)

discunt periculis nostris et experimenta per mortes agunt, medicoque tantum hominem occidisse inpunitas summa est. quin immo transit convitium et inteperantia culpatur, ultroque qui periere arguuntur.
(Historia naturalis, XXIX, 8, 18 ( traduction française)
(voir également « les heureux succès »)

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