Nommer en grec toutes les maladies

« Ils savent la plupart de fort belles humanités; savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir, et les diviser; mais pour ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point du tout. »
Le Malade imaginaire, III, 3

Les travers attribués par Béralde aux médecins se retrouvent dans le portrait qui est fait du médecin Blondel dans les Discours anatomiques (1675) de Guillaume Lamy :

C’est un de nos plus anciens docteurs, qui passe pour savant chez quelques-uns. Il a beaucoup lu et sa mémoire est fort heureuse. Il sait fort bien décider s’il faut lire un mot grec ou un autre, dans Hippocrate et dans Galien. Il les idolâtre de telle sorte qu’il ne veut entendre parler que de ce qu’ils ont dit et les vieilles erreurs sont plus de son goût que les vérités nouvelles. Il sait fort bien les noms des plantes et les connaît comme les jardiniers. Il en sait les vertus à la manière galénique. […] Ce monsieur est très curieux des étymologies et tâche de ramasser dans les traités tout ce qu’il a lu autrefois.
Lui est opposé le modèle de Nicolas Lienard :
C’est assurément un très bel esprit , qui a beaucoup de pénétration, un génie fort aisé, un jugement très solide ; il n’est point prévenu, point opiniâtre dans ses sentiments. Il n’est ni superstitieux pour l’Antiquité, ni partisan de la nouveauté ; il examine les opinions sans se soucier de leur âge; il est, par conséquent, très bon physicien et très bon médecin. Il sait parfaitement les belles-lettres ; on ne s’ennuie point avec lui ; sa conversation charme, on n’y voit rien de pédant, toutes ses manières sont honnêtes, il ne sait pas moins bien le monde que les sciences du cabinet.
(« Quatrième lettre », n. p.)

 

La même opposition entre érudition et savoir pratique sert à Malebranche, dans De la Recherche de la vérité (1674-1675) pour dénoncer les « faux savants », en particulier dans le domaine religieux :

L’Evangile et la morale sont des sciences trop communes et trop ordinaires ; ils souhaitent de savoir la critique de quelques termes qui se rencontrent dans les philosophes anciens, ou dans les poètes grecs. Les langues, et principalement celles qui ne sont point en usage dans leur pays, comme l’arabe et le rabbinage ou quelques autres semblables, leur paraissent dignes de leur application et de leur étude. S’ils lisent l’Ecriture sainte, ce n’est pas pour y apprendre la religion et la piété : les points de chronologie, de géographie et les difficultés de grammaire les occupent tout entiers ; ils désirent avec plus d’ardeur la connaissance des choses que les vérités salutaires de l’Evangile ; ils veulent posséder dans eux-mêmes la science qu’ils ont admirée sottement dans les autres, et que les sots ne manqueront pas d’admirer en eux.
(IV, 7, éd. de 1688, p. 441-442)

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