On trouve dans ce texte tardif une anecdote non vérifiable sur la genèse de la comédie-ballet Le Bourgeois gentilhomme.
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Le Roi ayant voulu faire un voyage à Chambord pour y prendre le divertissement de la chasse, voulut donner à sa Cour celui d’un ballet ; et comme l’idée des Turcs qu’on venait de voir à Paris était entre toutes récente, il crut qu’il serait bon de les faire paraître sur la scène. Sa Majesté m’ordonna de me joindre à Messieurs Molière et de Lulli, pour composer une pièce de Théâtre où l’on pût faire entrer quelque chose des habillements et des manières des Turcs. Je me rendis pour cet effet au Village d’Auteuil, où M. de Molière avait une maison fort jolie. Ce fut là que nous travaillâmes à cette pièce de Théâtre que l’on voit dans les oeuvres de Molière, sous le titre de Bourgeois gentilhomme, qui se fit Turc pour épouser la fille du Grand Seigneur. Je fus chargé de tout ce qui regardait les habillements et les [page 253] manières des Turcs. La pièce achevée, on la présenta au Roi qui l’agréa, et je demeurai huit jours chez Baraillon maître Tailleur, pour faire faire les habits et les turbans à la Turque. Tout fut transporté à Chambord, et la pièce fut représentée dans le mois de Septembre, avec un succès qui satisfit le Roi et toute la Cour. Sa Majesté eut la bonté de dire qu’Elle voyait bien que le Chevalier d’Arvieux s’en était mêlé ; à quoi M. le Duc d’Aumont et M. Dacquin répondirent : SIRE, Nous pouvons assurer Votre Majesté qu’il y a pris un très grand soin, et qu’il cherchera toutes les occasions de faire quelque chose qui lui puisse être agréable. Le Roi leur répliqua qu’il en était persuadé, et qu’il ne m’avait jamais rien commandé que je n’eusse fait à sa satisfaction, qu’il aurait soin de moi, et qu’il s’en souviendrait dans les occasions.
Ces paroles obligeantes sorties de la bouche d’un si grand Monarque m’attirèrent les compliments de toute la Cour. C’est une eau bénite dont les Courtisans ne sont pas chiches.
Le Ballet et la Comédie furent représentés avec un si grand succès, [page 254] que quoiqu’on puisse les répétant plusieurs fois de suite, tout le monde le redemandait encore ; aussi ne pouvait-on rien ajouter à l’habileté des Acteurs. On voulut même faire entrer les scènes Turques dans le Ballet de Psyché, qu’on préparait pour le Carnaval suivant ; mais après y avoir bien pensé, on jugea que ces deux sujets ne pouvaient pas s’allier ensemble.