Ecrivons avec allégresse
Que l’Envoyé de sa Hautesse,
Dont il est beaucoup estimé,
Ces jours passés fut enrhumé,
Mais à présent bien il se porte
Au plaisir de toute la Porte,
Et toujours il est bien traité
Aux dépens de sa Majesté.
Comme il a vu dans ce Voyage,
Dans les endroits de son passage,
Tous les Ports de mer les plus beaux,
Les Arsenaux et les Châteaux,
Les Villes les plus apparentes
Et les Maisons plus importantes,
Où partout bien on le traita,
Divertit et complimenta,
Etant dans notre Capitale,
Que je puis nommer sans égale,
Il a soin de voir tous les lieux
Les plus rares et curieux
Qui sont dans notre voisinage,
Et sans prolonger mon langage,
Je puis assurer en ce jour
Qu’il fut jusques au Luxembourg,
Lagibertie et La Fontaine,
Avec Lassus prirent la peine
De l’y conduire avec ses gens,
Dans trois carrosses différents :
Madame d’Orléans Douairière
De qui la vertu singulière
L’élève jusqu’au firmament
Le reçut agréablement,
Fort content de cette Princesse
Pleine d’esprit et de sagesse,
Il admira fort les attraits
De ce magnifique Palais,
Où la beauté de la peinture
Et celle de l’architecture
Lui firent voir pompeusement
Ce qu’elles ont de plus charmant :
Mais avant que plus loin je passe
Disons qu’il fut au Val de Grâce,
Et ce bâtiment précieux
Aussi célèbre que pieux,
Laisse une estime singulière
Pour la REINE qui l’a fait faire ;
Il en admira le travail,
La coupe, ainsi que le Portail,
Le marbre, le fer, la richesse,
Qui sont joints à la politesse,
De ce saint Temple l’appareil,
Ne trouve guère de pareil.
Après sans user de remise
Il vint à l’Hôtel de Venise,
Où les Dames pleines d’appas
Vont gaiement porter leurs pas
Et rendre fréquemment visite
A cet Envoyé de mérite,
Leur aspect et leur agrément
Ne lui déplaisent nullement ;
Attendant que le ROI prononce
De quoi lui donner sa Réponse
Afin d’aller en son Pays,
Pour y faire de beaux récits.
(Texte saisi par David Chataignier à partir des gazettes composées par Charles Robinet et La Gravette de Mayolas au cours de l’année 1670. Les gazettes de Robinet (Lettres en vers à Madame du 4 janvier au 28 juin, Lettres en vers à l’ombre royale de Madame du 5 au 26 juillet, et Lettres en vers à Monsieur du 2 août au 27 décembre) sont réunies à la fin du volume conservé sous la cote FOL- LC2- 22 à la Bibliothèque nationale de France. Les épîtres de Mayolas (Lettres en vers et en prose au roi) sont conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal sous la cote RESERVE FOL- BL- 1126.)
– Autres textes concernant Les spectacles et la vie de cour dans les Continuateurs de Loret en 1670