L’inhumanité de l’avarice est dénoncée, entre autres, dans
– le sermon « Sur l’avarice » du Père de La Rue (1643-1725) :
L’avarice, en un mot la convoitise des biens, est de toutes les passions celle qui dégrade le plus l’homme et qui l’assujettit plus absolument au démon. Pour quelles raisons ? Les voici : c’est qu’elle étouffe en l’homme, insensiblement et par degrés, premièrement tous les sentiments de l’humanité
[…]
L’avare fait son bonheur d’outrer la voracité des bêtes, allant toujours au-delà de ses besoins, et perdant insensiblement tous les sentiments d’humanité que la nature lui inspire. Quels sont ces sentiments ? ceux de la justice et de la pitié. Ces deux sortes de sentiments naissent avec l’homme et périssent en lui par l’avidité de l’argent.
[…]
On s’endurcit à tout à mesure qu’on s’enrichit. Non seulement on ne respecte plus ni les liens ni les droits du sang, mais même on ne les sent plus.Père, mère, alliés, parents, frère, ami : noms indifférents; veuve, orphelin : noms inconnus.
[…]
Est-ce avec cette dureté que votre coeur est sorti des mains de Dieu ? Est-ce pour cela qu’il vous a faits hommes ? Est-ce là l’effet de la raison qu’il vous a donnée au-dessus des animaux ?
(Sermon pour le lundi de la quatrième semaine de carême, « Sur l’avarice », Recueil des sermons sur les Évangiles du carême et sur plusieurs autres sujets, 1706, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l’abbé Migne, 1844-1866, t. ?, p. 838-842)
– un sermon du Père Texier (1619-1687) :
Un des principaux effets de l’avarice est cette dureté de coeur qui ne veut point communiquer ses biens avec ceux qui en ont besoin.
(Sermon IV, « L’avarice détruite », Sermons pour tous les jours du carême, 1676, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l’abbé Migne, 1844-1866, t. ?, p. 129)
– dans le « petit traité » « De la libéralité et de ce qui lui est contraire » (Petits traités en forme de lettres, 1647) de La Mothe le Vayer :
Le prenez-vous pour un homme ? Il n’en a que la forme extérieure, c’est un sac d’argent, c’est un coffre-fort.
(Oeuvres de 1756, VI, 1, p. 248 LIEN)
– une anecdote du jésuite Philippe d’Outrepont dans Le Vrai Pédagogue Chrétien (1661) :
De l’avarice
[…]
Saint Antonin écrit d’un autre avaricieux qu’étant sollicité par ses parents et amis de se confesser, il répondit : » Je n’ai point de coeur, comment voulez-vous que je me confesse ? et afin que vous ne pensiez pas que je rêve, allez à mon coffre et vous l’y trouverez, parmi mon or, auquel j’ai mis toute mon espérance » et il mourut là-dessus sans pénitence. Après sa mort on visita son coffre et ainsi qu’il avait dit, on trouva son corps au milieu de l’or.
(p. 98)