Antoine de Courtin consacre un chapitre aux compliments dans son Nouveau Traité de la civilité (1671). Selon lui, il y en a deux espèces:
– « ceux par lesquels nous insinuons quelque passion »; la joie, les condoléances ou un remerciement, et
– les louanges.
Les deux sortes de compliments doivent être brefs et simples, car
tout ce qui serait étudié, bien loin de persuader ces passions, les rendrait suspectes.
(éd. de 1728, p. 136).
Courtin propose également plusieurs exemples de compliments convenables, dont celui-ci, pour une dame de qualité:
Madame, l’honneur que vous m’avez toujours fait de me regarder comme un des serviteurs particuliers de votre maison, me donne la liberté de venir vous témoigner, avec le respect que je vous dois, la part que je prends à votre douleur, etc.
(p.142)
D’autres ouvrages secondent les propos de Courtin et soulignent le fait que les compliments ne doivent être ni trop nombreux, ni trop longs:
– le Traité de la civilité, nouvellement dressé d’une manière exacte et méthodique et suivant les règles de l’usage vivant (1681) ( p.156)
– Les Réflexions sur l’usage présent de la langue française ou remarques nouvelles et critiques touchant la politesse du langage (1689) de Nicolas Andry de Boisregard, (p.127).
L’auteur de ce dernier ouvrage remarque également qu’il faut en user rarement des compliments et que
les Provinciaux ont besoin de cet avis; eux qui s’imaginent qu’il est du bel air de toujours complimenter, c’est peut-être le plus ridicule de leurs défauts
(p. 127).
De même, Bellegarde, sans expliquer comment faire un compliment, remarque dans ses
Réflexions sur le ridicule (1696) que
les bourgeois […] sont grands faiseurs de révérences; ils accablent le monde par leurs compliments éternels et par des civilités gênantes: ils font des embarras à toutes les portes; et il faut disputer une heure à qui passera le dernier.
( p. 369)