Dans la lettre « De l’origine des romans », qui fait office de préface à la Zaïde (1671) de Mme de Lafayette, Pierre-Daniel Huet attribuera la qualité supérieure des romans français à la « galanterie » de la nation, inconnue des peuples méditerranéens :
Leurs plus beaux romans n’égalent pas les moindres des nôtres. Je crois que nous devons cet avantage à la politesse de notre galanterie, qui vient, à mon avis, de la grande liberté dans laquelle les hommes vivent en France en liberté avec les femmes. Elles sont presque recluses en Italie et en Espagne, et sont séparées par tant d’obstacles qu’on ne leur parle presque jamais : de sorte qu’on a négligé de les cajoler agréablement, parce que les occasions étaient rares. L’on s’applique seulement à surmonter les difficultés de les aborder, sans s’amuser aux formes. Mais, en France, les dames vivant sur leur bonne foi et n’ayant point d’autre défense que leur vertu et leur propre coeur, elles s’en sont fait un rempart plus fort et plus sûr que les grilles et les duègnes. Les hommes ont donc été obligés d’attaquer ces remparts par les formes, et ont employé tant de soin et d’adresse pour les réduire, qu’ils s’en sont fait un art presque inconnu aux autres peuples.
( p. 62-63)
Voir aussi « la manière de France » et « les Français ont quelque chose en eux de poli ».