La plaisanterie peut également être relevée dans d’autres textes de la tradition du « Médecin volant » :
– Le Médecin volant de Boursault (1665) (1)
– Le Médecin volant de Biancolelli (2).
La notion de « sympathie », en vogue dans la culture mondaine, avait fait l’objet d’une approche critique dans Le Misanthrope (voir « toutes ces raisons de douces sympathies »). Elle est en revanche prohibée dans le vocabulaire des nouveaux médecins comme Rouvière (voir « une vertu sympathique »).
(1)
CRISPIN
Votre bras, que je tâte
Si pour vous il est vrai que la mort ait si hâte,
Donnez, dis-je .
Au lieu de prendre le bras de Lucresse, il prend celui de son père et dit :
Tu Dieu ! comme il bat, votre pouls,
J’aurais bien de la peine à répondre de vous,
Et votre maladie est sans doute mortelle,
Prenez-y garde.
FERNAND
O Dieux ! quelle triste nouvelle;
Je suis donc bien malade, ô Monsieur ?
CRISPIN
Vous, pourquoi ?
FERNAND
Vous n’avez pris le bras à personne qu’à moi.
CRISPIN
Et cela vous étonne ! Une tendresse extrême
Rend la fille le père, et le père elle-même.
Entre eux deux la nature est propice à tel point
Que le sort les sépare, et le sang les rejoint;
Etant vrai que l’enfant est l’ouvrage du père,
Sa douleur sur lui-même aisément réverbère,
Et le sang l’un de l’autre est si fort dépendant,
Que l’enfant met le père en un trouble évident.
(sc. XI)
(2)
ARLEQUIN
[…] je la guérirai, vous dis-je (je lui tâte le pouls). Mais Mr, vous me paraissez être fort mal!
PANTALON
Vous vous trompez, Mr le médecin, c’est ma fille qui est malade et non pas moi.
ARLEQUIN N’avez-vous jamais lu la loi Scotia sur la puissance paternelle qui dit « Tel est le père, tels sont les enfants » ? Votre fille n’est-elle pas votre chair, votre sang?
PANTALON
Oui, Monsieur.
ARLEQUIN
Eh bien, le sang de votre fille étant échauffé, altéré, le vôtre le doit être aussi.
(éd. D. Gambelli, Arlecchino a Parigi. Lo scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni, 1993, t. II, p. 213)