Le fils du Grand Turc est ici

« Vous savez que le fils du Grand Turc est ici? – Moi? Non. – Comment! Il a un train tout à fait magnifique; tout le monde le va voir, et il a été reçu en ce pays comme un seigneur d’importance. – Par ma foi, je ne savais pas cela. »
Le Bourgeois gentilhomme, IV, 3

Le subterfuge du déguisement en potentat étranger destiné à duper un père de famille s’opposant au bonheur des amoureux avait été mis en oeuvre dans

L’Ecole des jaloux (1668), comédie de Montfleury : le valet Gusman se fait passer pour le Grand Turc, désireux de s’emparer de la femme du jaloux Santillane (II, 5 ; éd. du Théâtre de 1739, t. II, p. 154sq)
Le Mort vivant (1662), comédie de Boursault (sc. III, 3 ; éd. du Théâtre de 1712, t. I, p. 25) (le valet Gusman est déguisé en ambassadeur d’Afrique)
L’Académie des femmes (1662), comédie de Chappuzeau : le valet Guillot prend l’apparence d’un faux marquis ; le déguisement est orchestré pour répondre aux souhaits que manifeste le père de la jeune fille d’avoir un gendre noble ( p. 42 et suiv.)

 

On le retrouve également dans

Il Lippa overo Pantalon burlao (1673) de Domenico Balbi (1) (voir également « une cérémonie burlesque » et « ils parlent tous deux en même temps »)
– le scenario de commedia dell’arte napolitain « Il colonello indiano » (2)
– le scenario de commedia dell’arte napolitain « Il baron tedesco » (3)
– le scenario de commedia dell’arte napolitain « Il principe pollacco » (4)

 

 

(1)

Hipolita se fait passer pour prince hongrois afin d’être agréée de son futur beau-père Pantalone désireux d’établir une académie chez lui. Le valet Bagolino, déguisé en Allemand, fait les présentations :

BAGOLINO :
Queste firtuose principitone tumandar tove se far catemie.

PANTALONE :
Cademia ? in casa mia la se fa : chi xelo quel signor ?

BAGOLINO :
Firtuose principipotone crande crande t’Ungaria.

PANTALONE :
Un principe grande grande d’Ongaria el xè. Gho ben gusto, perchè sta nostra Cademia, per la prima volta che la sara decorada con heroi de sta storte
( III, 6-10) (citation p. 76)

 

(2)

Policinella se fait passer pour le « colonel indien » que Tartaglia a choisi comme époux pour sa fille Celia :

Policinella
da collonello indiano vestito ridicolosamente fa suoi lazzi spropositi ; in questo

Tartaglia
Coviello li mostra il colonello, lui l’abbraccia, e poi con fretta chiama

Celia
Policinella fa cerimonie sproposite alla sposa, Celia ricusa dar la mano a quello, Pollicinella vedendosi sdegnato vol spogliarsi, Coviello lo trattiene, accenna a Celia finghi gradirlo, lei inteso lo vezzeggia, Coviello accenna far bene, e con furor e di pressa finiscono, con portarsi Pollicinella in braccia, l’atto primo.
(« Gibaldone de’ soggetti da recitarsi all’impronto alcunij proprij e gl’altri da diversi, raccolti di D. Anibale Sersale Conte di Casamarciano, s. d., Ms cote AA.XI.40, Biblioteca Nazionale, Napoli, s. d. ; éd. moderne : F. Cotticelli, The Commedia dell’arte in Naples : A Bilingual Edition of the 176 Casamarciano Scenarios, London, Scarecrow Press, 2001, t. II, p. 341)

 

(3)

Policinella se fait passer pour un « baron allemand » désireux d’épouser la fille de Pascarello. Par ce subterfuge, le valet et les amoureux comptent couper court aux démarches du dottore à qui Pascarello a accordé la main de sa fille.

Covello e detti
Covello dice a Pascarello che un barone tedesco cerca sua figlia controdotandola, Pascarello si contenta, e Covello chiama

Policinella e detti
Policinella da baron tedesco fa la scena come va, [lacune] e sbracata entrano in casa, e finisce l’atto primo.
(ibid. p. 242)

 

(4)

Pollicinella, de mèche avec les amoureux, se fait passer pour un « prince polonais », venu épouser la fille du Dottore promise au vieillard Tartaglia.

Angiola
Dottore dice che tocchi la mano allo sposo Tartaglia, lei fa la ritrosa, Dottore si adira, in questo

Silvio e Lutio
da bravi, armati alla ridicola, fingono domandare del dottore, Coviello a parte accenna ad Angiola esser inventione ; in questo

Pollicinella
da principe pollacco, suoi lazzi spropositi, chiama il dottore, dice voler sua figlia, lui haverla maritata con Tartaglia, Pollicinella s’adira, Dottore pavoroso dice alla figlia tocchi la mano al principe, Tartaglia s’adira contro il dottore, Pollicinella si leva la barba, glie la mena in faccia, e fugge.
(ibid. p. 419)

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