Le supplice des deux soeurs est emprunté à Apulée, L’Ane d’or:
Necdum sermonem Psyche finierat, et illa uesanae libidinis et inuidiae noxiae stimulis agitata, e re concinnato mendacio fallens maritum, quasi de morte parentum aliquid comperisset, statim nauem ascendit et ad illum scopulum protinus pergit et quamuis alio flante uento caeca spe tamen inhians, « Accipe me », dicens, « Cupido, dignam te coniugem et tu, Zephyre, suscipe dominam » saltu se maximo praecipitem dedit. Nec tamen ad illum locum uel saltem mortua peruenire potuit. Nam per saxa cautium membris iactatis atque dissipatis et proinde ut merebatur laceratis uisceribus suis alitibus bestiisque obuium ferens pabulum interiit.
(V, 27)
A peine Psyché eut fini cette parole, que l’autre est poinçonnée des aiguillons d’une lâche volupté et maudite envie, inventa une menterie pour décevoir son mari, lui disant qu’elle avait reçu quelque nouvelle touchant la mort de ses parents, s’embarque incontinent, et prend son chemin droit au rocher susdit. Et combien qu’un autre vent que Zéphyre l’inspirât, poussée néanmoins d’une aveugle espérance : Prends-moi Cupidon (ce dit-elle) pour ta digne femme : et toi Zéphyre reçois ta Dame en ton giron ; puis se précipita du haut en bas. Si ne pût-elle arriver en ce lieu-là, ni vive, ni morte : Car s’étant froissé les membres, comme elle le méritait, et ayant épanché ses entrailles à travers les écueils de la montagne, elle y demeura morte pour servir de pâture aux oiseaux et aux bêtes des champs.
(traduction de Jean de Montlyard, édition de 1648, pp. 152-153)
Il est repris également par La Fontaine, Les Amours de Psyché et Cupidon :
Disant ces paroles, elle s’abandonna dans les airs à son ordinaire ; et, au lieu d’être enlevée dans le palais de l’Amour, elle tomba premièrement sur une pointe de rocher, et puis sur une autre, de roc en roc : chacun d’eux emporta sa pièce ; ils se la renvoyaient les uns aux autres comme un jouet, de manière qu’elle arriva le plus joliment du monde au royaume de Proserpine.