La science des armes

« C’est en quoi l’on voit de quelle considération nous autres nous devons être dans un état, et combien la science des armes l’emporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique. »
Le Bourgeois gentilhomme, II, 2

Un passage du traité De la prudence ou des bonnes règles de la vie (1673) de Charles Sorel indique la manière dont l’exercice des armes est envisagé par le public de Molière, en comparaison avec celui de la danse et de la musique :

Autant que l’exercice de la danse et de la comédie et plusieurs jeux et divertissements sont accusés de mollesse par quelques personnes, autant on attribue de force et de magnanimité à l’exercice des armes. II faut qu’un homme y soit expert nécessairement, quand sa condition et l’occasion du temps l’obligent de se trouver aux armées et en général tous ceux qui ont une épée à leur côté doivent être honteux s’ils ne savent s’en servir et si ce n’est que pour parade qu’ils se chargent des principaux instruments de leur profession et des marques de leur noblesse. […]
On va chez les maîtres pour se rendre adroit au combat de l’épée seule ou de l’épée et du poignard. Pour les gens qui sont d’une antre condition qu’un prévôt de salle, quoiqu’ils sachent bien allonger une estocade, et qu’ils soient dressés à tous les tours d’escrime, il ne faut point qu’ils en fassent parade, ni qu’ils aient une vanité de gladiateur.
( p. 77)

 

S’il est bienséant de savoir chanter et de s’adonner à d’autres passetemps
On nous allègue en vain que Philippe de Macédoine, père du grand Alexandre, ayant su que son fils avait fort bien chanté en un certain lieu, lui dit qu’il devait avoir honte de savoir si bien chanter […] En ce sens Philippe pouvait avoir raison, puisqu’il y a de certaines qualités qu’il ne faut pas prodiguer devant tout le monde, et entre autres toutes les adresses du corps et les dextérités des mains et de la voix qui ne servent que de passe-temps ; c’est la prudence dont il faut user dans leur emploi, afin qu’il ne semble pas qu’on ne fasse autre métier que celui-là , et de peur que, pour le trop affecter l’on ne tombe en mépris. […] Néanmoins les grands ballets des rois sont des divertissements qui se faisant aux jours de récréation sont presque des occupations de cérémonie. Les rois et les princes y dansent lorsqu’ils sont d’âge et de disposition à cela pour se divertir après la fatigue des affaires, et l’on ne saurait trouver étrange qu’ils veulent qu’on sache qu’ils soient de la partie ; il y a gloire à se montrer adroit en toutes sortes d’exercices. C’est un louable emploi de la santé et de la force, et de plusieurs dons de la nature.
( p. 93-95)

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