La première blessure

« De la manière enfin que la pure nature
Exprime de l’amour la première blessure. »
L’Ecole des femmes, III, 4 (v. 940-945)

Le charme de la jeune fille amoureuse pour la première fois avait fait l’objet

– d’une conversation de La Précieuse (1656-1658) de l’abbé de Pure (1)
– de considérations dans un texte des Amitiés, amours et amourettes (1664) de René Le Pays (2).

 

 


 

(1)

Les personnages débattent pour savoir si l’ingénuité des sentiments n’est pas supérieure à l’art en matière d’amour :

– Vous ne savez pas, interrompit Gelasire, que l’amour est le seul métier où l’ignorance réussit mieux que l’art, et où le savoir est directement opposé au mérite.[…]
– Sans doute la coquette a bien plus de lumière et bien plus de direction que non pas l’innocente qui ne joue que de hasard, qui n’a ni règle ni conduite, qui n’a jamais soupiré que par devoir, qui ne s’est enflammée que par conseil et qui n’a joui que des faveurs de rencontre, et n’a jamais goûté celles du choix. […]
– Ainsi l’amour, qui est l’âme des effets naturels, non seulement se passe bien de l’art, mais même il est défectueux avec l’art […] [S]’il ne se sert pas toujours des lumières du raisonnement, il ne se sert que par force et avec regret de celles de l’expérience. […] [I]l ne se pique pas de s’en servir, mais même il affecte d’empêcher le succès qu’il transfère dans les coeurs innocents, et dans les âmes ignorantes comme dans leur lieu natal, dans leur centre et dans leur naturel.
(La Précieuse (1656), éd. Magne, t. II, p. 102 sq.)

 

Je doute fort qu’on puisse trouver des mots assez justes pour exprimer l’espèce d’amour dont brûle une jeune fille qui a de l’esprit, du coeur et de la condition.
(Ibid., p. 107)

 

il est plus facile de faire valoir nos sentiments et de les persuader à un esprit de fille qui est ou doit être une table d’attente où il n’y a encore rien d’imprimé que dans une âme déjà imbue d’autres principes et tournée d’un autre côté.
(Ibid., p. 245)

 

(2)

Le héros déclare tomber amoureux de Margoton :

Vous me direz tant que vous voudrez qu’à cet âge, elles sont imparfaites, niaises et ignorantes. Mais, croyez-moi, en matière d’amour, il est plus doux d’instruire que d’être instruit.
(II, 1)

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