La femme est le potage de l’homme

« Dis-moi, n’est-il pas vrai, quand tu tiens ton potage,
Que si quelque affamé venait pour en manger,
Tu serais en colère, et voudrais le charger ?
– Oui, je comprends cela. – C’est justement tout comme :
La femme est en effet le potage de l’homme ;
Et quand un homme voit d’autres hommes parfois
Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts,
Il en montre aussitôt une colère extrême. »
L’Ecole des femmes, II, 4 (v. 432-439)

La métaphore « la femme est le potage de l’homme » est une variation sur une structure proverbiale : « la femme est le … de l’homme ». C’est ce que montre un extrait du Recueil des plus illustres proverbes de Lagniet (1).

 

Dans un sonnet de Régnier, recueilli dans Le Parnasse des poètes satyriques (1622), le « potage » possède clairement un sens sexuel (2). Le « doigt », par ailleurs, est une métaphore attestée pour le « membre viril » (3).

 

Dans la pièce A Christian Turned Turk (1612) de Robert Daborne deux pirates se disputent les charmes d’une belle maure sur fond d’expression semblable (4).

 

 


 

(1)

Dans l’une des gravures du Recueil des plus illustres proverbes de Lagniet, publiés la même année que L’Ecole des femmes (1663), on peut lire :

la femme est la malette de l’homme
la femme est le savon de l’homme
( p. 150, gravure 64)

 

(2)

Un sonnet de Régnier, dans Le Parnasse des poètes satyriques (1622) se termine par les deux vers suivants :

Ah c’est un grand plaisir de manger son potage
Trempé deux ou trois fois en de si gras bouillons.
( p. 72)

 

(3)

le doigt qui n’a point d’ongle : le membre viril.
(Oudin, Curiosités françaises, 1640, p. 167)

 

(4)

A la scène 6 (acte unique), les pirates Ward et Dansiker en viennent aux mains suite à ce qui semble être un différent « amoureux ». Ward, qui a fait quelque vente d’esclaves profitable avec le marchand juif Benwash se voit invité par lui à un banquet organisé par sa femme et la soeur de celle-ci nommée Voada. Or Ward est épris de Voada. Dans les scènes suivantes, il abjurera d’ailleurs sa religion au profit de l’Islam pour l’épouser. Au moment où il répond favorablement au marchand juif concernant cette invitation, Dansiker, un capitaine pirate hollandais lui répond vivement :

But you are not likely to surfeit on it. I’ll have a finger in the platter with you, were you the Great Turk’s self.
WARD : With me ? I tell thee, Dansiker,
Thou dost not merit it thy lips to touch
So choice a rarity. What darest thou for her ?
DANSIKER : What thou dar’st not !
WARD : I’ll put that to the trial. (Ils se battent). »
A Christian Turned Turk, or The Tragical Lives and Deaths of the Two Famous Pirates, Ward and Dansiker, Robert Daborne, London, William Barrenger, 1612, (dans Three Turk Plays From Early Modern England Daniel Vitkus edition, 2000, Columbia University Press, New York, p.186-187)

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