Jusques ici

« Les ressorts de notre machine sont des mystères jusques ici, où les hommes ne voient goutte. »
Le Malade imaginaire, III, 3

L’idée des progrès à venir dans les connaissances se rencontre fréquemment dans les années 1670.

 

On la retrouve ainsi

 

– au début de la préface du Traité de physique (1671) de Rohault :

Comme les traités de physique qui ont paru jusqu’à présent ont été presque tous semblables, soit pour la matière soit pour la méthode, je prévois qu’entre ceux qui liront celui-ci,il s’en trouvera beaucoup qui d’abord pourront être étonnés de la grande différence qu’ils remarqueront entre ce traité-ci et les autres […] Il y a déjà quelques années que faisant réflexion sur les différents effets du temps, comme il est favorable à certaines choses , dont il avance toujours la perfection, et comme il est nuisible à d’autres, qu’il dépouille des beautés et des grâces qu’elles avaient dans leur commencement, je concluais que les arts et les sciences ne pouvaient être de ces dernières, et que le temps au contraire, bien loin de leur faire outrage, ne leur pouvait être que très avantageux : car pendant qu’un très grand nombre de personnes, qui dans la suite des siècles cultivent une même science, ou un même art, ajoutent leur propre industrie et leurs nouvelles lumières, aux anciennes découvertes de ceux qui les ont précédés, il paraît comme impossible que cet art ou cette science ne reçoive de grands accroissements, et n’approche de plus en plus de sa dernière perfection.
(éd. de 1676, n. p.)

 

– dans la préface des Entretiens sur la philosophie (1671) de Jacques Rohault :

La plupart des professeurs de philosophie avouent de bonne foi que ce qu’on apprend chez eux n’est rien en comparaison de ce qui reste à apprendre.
( n. p.)

 

– dans les propos sur la médecine de la Relation d’un voyage en Angleterre (1666) de Sorbière :

Car dans cette enfance de la médecine (usons de bonne foi, et nommons les choses par leur nom) qu’y a-t-il autre chose à dire que de misérables conjectures ; et dans l’humeur où l’on est de se laisser tromper, qu’y a-t-il autre chose à faire, si ce n’est à débiter le plus adroitement que l’on peut des remèdes fort incertains ?
( p. 164)

 

Et pour finir les souhaits que je fais, à ce qu’un jour une pratique de la médecine plus éclairée fasse mieux distinguer que l’on n’a fait jusques ici les médecins d’avec les charlatans : car on est bien sujet à confondre deux professions si voisines, quoique fort différentes. Ce qui, soit dit aussi en attendant que je fasse l’apologie des médecins, et que je réfute tout ce que Michel de Montaigne, et les autres disent à l’encontre. Et cela, Monsieur, en faisant voir que le mauvais ordre qu’il y a dans la société civile en ce qui regarde l’avancement de la médecine et que l’ignorance, ou la sottise des sains, et des malades, aussi bien que le particulier intérêt des médecins, oblige les plus grands maîtres d’exercer leur art de la manière dont il s’exerce.
(p. 168)

 

– dans le Discours sur l’expérience et la raison dans lequel on montre la nécessité de les joindre dans la physique, la médecine, et dans la chirurgie (1675) de François Bayle :

Il ne faut pas s’étonner si jusqu’à présent on a fait si peu de progrès dans les arts et dans les sciences. L’expérience et la raison n’ont presque jamais été de concert et, pour les avoir employées séparément, tantôt l’une et tantôt l’autre, on a raisonné à perte de vue dans la théorie et l’on n’a jamais été assuré de réussir dans la pratique.
( p. 2)

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