Je n’aime pas les faiseurs de remontrances

« Ma foi, Monsieur, j’ai toujours ouï dire, que c’est une méchante raillerie, que de se railler du Ciel, et que les libertins ne font jamais une bonne fin. – Holà, maître sot, vous savez que je vous ai dit que je n’aime pas les faiseurs de remontrances. »
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 2

Une remontrance semblable était adressée par le valet à son maître dans

Il convitato di pietra de Cicognini (1)
– le Jodelet duelliste (1647) de Scarron (2)

 

La réaction de Don Juan correspond à l’attitude du pécheur face à la remontrance, selon Bossuet (sermon « Sur la haine des hommes pour la vérité », 1668) (3)

 

 


 

(1)

D. Giovanni.
Io ti dico che posso ciò che voglio, e non ho bisogno che tu replichi d’avantaggio.

 

Passarino.
Mi parli per vostr ben.

 

D. Giovanni.
0 bene, o male, ti dico che ti mortificarò; non ho bisogno delle tue riprensioni.

 

Passarino.
A temp, a temp, a ve ne avedri vu.

 

D. Giovanni.
Il malanno che ti colga.
(III, 1)

 

(2)

DON FELIX
[…]
Vit-on jamais valet d’une audace pareille ?
Tu me veux conseiller ; et moi je te conseille
De ne t’ingérer plus à donner des avis,
Qui seront mieux payés qu’ils ne seront suivis.

 

JODELET
Conseillant bien…

 

DON FELIX
Poursuis, parle, corrige, cause,
Trouve à redire en moi jusqu’à la moindre chose,
Et tu verras encore si je frappe bien fort.
[…]

 

DON FELIX
Dis-moi, maître coquin, qui veut aussi railler,
T’ai-je pris pour valet ou bien pour conseiller ?
(I, 1, éd. de 1664, p. 3-5)

 

(3)

Si jamais la vérité se rend odieuse, c’est particulièrement, chrétiens, dans la fonction dont je parle. Les pécheurs toujours superbes ne peuvent endurer qu’on les reprenne. Quelque véritables que soient les reproches, ils ne manquent point d’artifices pour les éluder, et après ils se tourneront contre vous; […] « Et donc, dit le saint Apôtre, je suis devenu votre ennemi en vous disant la vérité :  » Ergo inimicus vobis factus sum, verum dicens vobis. Il est ainsi, chrétiens, et tel est l’aveuglement des hommes pécheurs.
[…]

 

Par conséquent, chrétiens, que les hommes qui ne veulent pas obéir à la vérité souffrent du moins qu’on les reprenne; s’ils la dépossèdent de son trône, du moins qu’ils ne la retiennent pas tout à fait captive ; s’ils la dépouillent avec injustice de l’autorité du commandement, qu’ils lui laissent du moins la liberté de la plainte. Quoi! veulent-ils encore étouffer sa voix? Veulent-ils qu’on loue leurs péchés, ou du moins qu’on les dissimule, comme si faire bien ou mal c’était une chose indifférente ? Ce n’est pas ainsi, chrétiens, que l’Evangile l’ordonne. Il veut que la censure soit exercée et que les pécheurs soient repris, parce que, dit saint Augustin, « s’il y a quelque espérance de salut pour eux, c’est par là que doit commencer leur guérison ; et s’ils sont endurcis et incorrigibles, c’est par là que doit commencer leur supplice.  »
( p. 432-433)

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