Empoisonneuse d’âme

« Ah ! sorcière maudite, empoisonneuse d’âmes  »
L’Ecole des femmes, II, 5 (v. 535)

L’expression « empoisonner les âmes » se rencontre dans un contexte religieux :

– chez Pierre Nicole, dans le Traité de la comédie (1667) (1)
– chez Jean-François Senault, dans le traité De l’usage des passions (1641) (2)
– dans L’Introduction à la vie dévote (1609) de Saint François de Sales (3).

 

Plus généralement, on la trouve dans un contexte moral
– chez Vincent Voiture, dans l’une de ses Lettres (1648) (4)
– chez Jean-Pierre Camus, dans les Homélies des États généraux (1615) (5)
– chez Honoré d’Urfé, dans L’Astrée (1607) (6).

 

L’expression est ancienne. On la rencontre déjà au siècle précédent (7).

 

 


 

(1)

Nicole, Traité de la comédie (1667) :
Un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles.
(Paris, Les Belles Lettres, 1961, p. 23)

 

(2)

Jean-François Senault, De l’usage des passions (1641) :
Car de cet amour déreglé naissent trois autres amours qui empoisonnent toutes les âmes, et qui banissent toutes les vertus de la terre.
(Premier traité, De l’Amour et de la Haine , I. Discours.)

 

(3)

Saint François de Sale, Introduction à la vie dévote (1619) :
Mais quant à moi, qui sais que le grand ami de Dieu Isaac envoya des pendants d’oreilles pour les premières arrhes de ses amours à la chaste Rebecca, je crois que cet ornement mystique signifie que la première chose qu’un mari doit avoir d’une femme, et que la femme lui doit fidèlement garder, c’est l’oreille, afin que nul langage ou bruit n’y puisse entrer, sinon le doux et amiable grillotis des paroles chastes et pudiques, qui sont les perles orientales de l’Evangile : car il se faut toujours resouvenir que l’on empoisonne les âmes par l’oreille, comme le corps par la bouche.
( Troisième partie, chapitre XXXVIII, Avis pour les gens mariés)

 

(4)

Vincent Voiture, Lettres (1648) :
et il me semble que c’est une excellente marque d’une âme grande et extraordinaire, de ne pouvoir durer avec le corrupteur de la raison, l’empoisonneur des âmes, et l’auteur de tant de désordres, d’injustices, et de violences.
(Lettre 145 à marquis de Pisany)

 

(5)

Jean-Pierre Camus, Homélies des États généraux (1615) :
Ce n’est pas que nous n’ayons dans les boites de nos bouches des huiles salutaires et d’excellents thériaques pour guérir les plaies de vos âmes et antidoter les vices qui vous empoisonnent et enveniment les coeurs.
(« Homélie des trois fléaux »)

 

(6)

Honoré d’Urfé, L’Astrée (1607) :
De tous les venins qui s’emparent plus aisément de nous et de toute notre âme, y en a-t’ il quelqu’un plus dangereux et moins évitable que celui de la tromperie, ou plutôt de la trahison des hommes, car comme s’ils étaient nos ennemis jurés, que ne font-ils pour empoisonner nos âmes de leurs venins ?
(t. 4, 4ème partie, livre 4)

 

(7)

François Rabelais, Gargantua (1542) :
La peste ne tue que le corps, mais tels imposteurs empoisonnent les âmes.
(Chapitre XLV)

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