L’anecdote de l’avare qui dérobe l’avoine à ses chevaux figure dans plusieurs recueils de la Renaissance, en particulier :
– le Théâtre du monde (1558) de Boistuau (1)
– le De liberalitate (1518) de Giovanni Pontano (2)
Une plaisanterie semblable était énoncée dans le Panégyrique de l’Ecole des femmes de Robinet, à propos d’un historiographe avare (3)
(1)
Il faut que je te raconte une histoire quasi monstrueuse de l’avarice d’un prélat italien nommé Angelot, lequel était cardinal. Car il était si empoisonné de malheureux venin d’avarice que, lorsque ses palefreniers avaient le soir donné l’avoine à ses chevaux, il descendait par une fausse porte à l’étable tout seul et sans lumière, et y étant, allait dérober l’avoine à ses propres chevaux, et y continua par tant de nuits que le palefrenier, voyant ses chevaux maigres, se cacha en l’étable, lequel attrapant monsieur sur le fait, lui donna tant de coups de fourche qu’il fallut le porter en sa chambre pour condigne récompense de sa brûlante avarice.
(2)
Ferunt Angelotum sacerdotem cardinalem particulam hordei singulis ab equis clam subducere ipsis e praesepibus consuesse, secreto quodam aditu ad stabulum a se facto, donec a magistro stabuli pro fure deprehensus in tenebris vapulavit
(indication aimablement fournie par Antoine Vuilleumier)
(3)
Oui ma foi, mais il l’entretient aux dépens de ceux qui le servent : il est vilain comme lard jaune, et n’a pas son pareil en chicheté. Aga, il va lui-même au marché et à la boucherie, de peur qu’une servante ne farre la mule. Après qu’il a dîné et soupé, il coupe du pain et de la viande assez petitement à ses gens, et sarre le reste. Bien davantage, quand on donne le foin et l’avoine à ses chevaux, il retranche toujours, quelque chose de la botte, et du picotin, qu’il met à part, afin que les provisions durent le double.
(p. 4-5)