Comment amoureux

– Il a été contraint de m’avouer qu’il était amoureux.
– Comment amoureux? quelle témérité est la sienne ? c’est un extravagant que je ne verrai de ma vie.
– De quoi vous plaignez-vous, Madame?
– Avoir l’audace de m’aimer, et de plus avoir l’audace de le dire?
Les Amants magnifiques, acte II, scène 2.

L’héroïne de l’ « Histoire de Palmis et Cléandre », narrée au tome IV du Grand Cyrus des Scudéry, elle aussi amoureuse d’un individu de condition inférieure, peinait à s’en apercevoir et à reconnaître le sentiment qu’elle éprouvait :

Néanmoins il y avait des moments où la grande disproportion qu’il y avait de lui à elle faisait qu’elle en voulait douter. Car (disait-elle en elle-même, à ce qu’elle raconta après à Cylénise, ma parente, qui me l’a redit depuis), si je le crois amoureux de moi, il faut que je m’en offense ; et il faudra que je me prive de sa vue et de sa conversation, qui me plaisent infiniment. Ne le croyons donc pas, ajoutait-elle. Mais un instant après, cent mille choses lui revenant en la mémoire, elle ne pouvait pas ne le croire point ; et elle se résolvait d’aprendre de telle sorte à Cléandre le respect qu’il lui devait, qu’il ne le pourrait plus jamais oublier.
Toutefois, venant à penser qu’après tout, Cléandre ne lui avait rien dit qui dût effectivement fort l’irriter, elle crut que même par un sentiment de gloire, il ne fallait pas lui faire connaître qu’elle soupçonnât rien de sa passion ; si bien qu’elle prit le dessein de vivre avec lui comme auparavant.
(Partie IV, Livre 1, p. 2171)

 

Mais enfin, Madame, l’illustre Cleandre agit si judicieusement, et avec tant de respect et de discrétion pour la princesse durant tout l’hiver, qu’elle fut à la fin contrainte d’abandonner son coeur à l’innocente passion qui s’en voulait emparer. Elle ne la fit toutefois paraître à Cléandre que sous les apparences d’une amitié solide et sincère, et lui disant toujours qu’il fallait qu’il reglât la sienne de cette sorte, parce qu’il y avait un obstacle invincible qui s’opposait à son bonheur. Car (lui dit-elle un jour, après qu’il eut obtenu d’elle la révocation de ce cruel arrêt qui lui défendait de l’entretenir quelquefois de son amour), si vous ne rencontriez de difficulté à votre bonheur que parce que je ne vous estimerais pas, que parce que j’en estimerais un autre plus que vous, ou que parce que je serais insensible, le temps pourrait changer toutes ces choses. Mais je vous avoue ingénument que je trouve en votre personne et en votre esprit tout ce qui est nécessaire pour acquérir mon estime : vous m’avez rendu cent mille services en la personne du roi et en la mienne ; je suis persuadée que vous m’aimez ; mon inclination me porte à ne vous haïr pas ; et toutes choses enfin, à la réserve d’une seule, contribuent à lier nostre amitié.

(voir aussi vous êtes amoureux)

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