Comme un morceau de cire

« Ainsi que je voudrai, je tournerai cette âme ;
Comme un morceau de cire entre mes mains elle est,
Et je lui puis donner la forme qui me plaît. »
L’Ecole des femmes, III, 3 (v. 809-811)

L’image de la cire comme symbole de la malléabilité d’un esprit peut être relevée dans un sermon du Père Lejeune, contenu au sein d’un recueil publié en 1662 (1)

 

Par ailleurs, elle se rencontre aussi :

– chez Guillaume Colletet, dans ses Poésies diverses (1656) (2) ;
– chez Vincent Voiture, dans ses Poésies (1654) (3).

 

Dans La Précieuse (1656) de l’abbé de Pure on trouve l’idée d' »imprimer » des sentiments dans l’âme d’une jeune fille (4).

 

Le « morceau de cire », dans un contexte réflexif, ne manque pas d’évoquer également la philosophie cartésienne. Descartes, dans un passage célèbre de la deuxième de ses Méditations métaphysiques (1641) partait de la perception, par l’entendement, des changements d’état de la cire pour éclairer la nature de l’esprit humain (5).

 

 


 

(1)

Car, comme dit saint Dorothée, quand votre enfant est petit, il est mou comme de la cire, susceptible de quelque impression que ce soit, bonne ou mauvaise.
(Sermon XLIX sur « Les devoirs des pères et mères envers leurs enfants », Le Missionnaire de l’Oratoire, ou Sermons pour les avents, carêmes et fêtes de l’année par le P. Le Jeune, dit le P. aveugle, Toulouse, 1662, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l’abbé Migne, 1844-1866, t. III, p. 556)

 

(2)

Encor que mon esprit cède à vos sentiments,
qu’à toutes vos humeurs mon humeur soit de cire,
il n’est pas toujours temps de chanter, et de rire
(Guillaume Colletet, Poésies diverses contenant des sujets héroïques, des passions amoureuses et d’autres matières burlesques et enjouées (1656), Le quatorzain burlesque)

 

(3)

Mais si cela ne vous peut obliger,
je changerai sans beaucoup m’affliger ;
car j’ ai le coeur tout fait comme de cire,
doux et traittable
(Vincent Voiture, Poésies (1654), Rondeaux)

 

(4)

il est plus aisé de faire valoir nos sentiments, et de les persuader à un esprit de fille qui est ou doit être une table d’attente où il n’ y a rien encore d’imprimé, que dans une âme imbuë d’autres principes, et déja comme penchée et tournée d’un autre côté.
(Abbé de Pure, La Prétieuse ou le Mystère des ruelles (1656), Seconde partie, Premier livre, Troisième conversation, éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. I, p. 198)

 

(5)

Prenons par exemple ce morceau de cire …
(Descartes, Méditations métaphysiques (1641), Méditation seconde : « De la nature de l’esprit humain ». Lire la suite p.106 et suiv.)

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