Cette pratique infâme

« Rentrez, pour n’ouïr point cette pratique infâme. »
L’Ecole des maris, I, 2, v. 231.

La « pratique infâme » que dénonce Sganarelle, est « la manière de France », qui est vantée comme l’usage normal des milieux mondains dans La Précieuse (1656-1658) de l’abbé de Pure :

La plus grande des douceurs de notre France est celle de la liberté des femmes, et elle est si grande dans tout le royaume que les maris y sont presque sans pouvoir et les femmes y sont souveraines. La jalousie n’est pas moins honteuse au mari que le désordre de sa femme; et soit par mode soit par habitude, c’est la première leçon qu’on fait à ceux qui se marient, de se défendre du soupçon et de la jalousie. Il est vrai que la vertu des femmes et la pudeur de leur éducation rend les soins des surveillants superflus, et leurs craintes ridicules; mais néanmoins, quand bien même il y aurait fondement de craindre, il s’est formé parmi nous un principe qui dispense le mari de ce tendre ressentiment qu’il pourrait avoir des libertés de sa femme, et qu’il est cru plus sage quand il sait souffrir, que s’il avait trouvé moyen de se venger […] Il faut qu’un mari supporte les visages les plus haïs, approuve les désirs et les desseins de sa femme, et sache fléchir à ses débauches et à ses divertissements, et s’incommode plutôt ou interrompe ses affaires, que d’empêcher les parties de sa femme et troubler ses promenades ou ses conversations, ni même trouver à dire à ses excès ou à ses dépenses.
(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. I, p. 114)

 

Arnolphe, dans L’Ecole des femmes, refusera lui aussi d’apparaître « sous le nom du mari de Madame ».

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