La plaisanterie figurait déjà dans un passage célèbre du roman Le Berger extravagant (1628) de Charles Sorel :
Je t’apprends ce que je ne voudrais pas dire à un autre, c’est que mon nom propre était Louis, mais que je l’ai quitté pour m’en donner un de berger. Je voulais en avoir un qui aprochât un peu de ce premier, afin d’être toujours reconnu, et tantôt j’ai voulu me nommer Ludovic, tantôt Lysidor, mais enfin j’ai trouvé plus à propos de me faire appeler Lysis, nom qui sonne je ne sais quoi d’amour et de doux. Pour Charite, à n’en point mentir, son vrai nom est Catherine : je l’ouïs encore hier ainsi appeler par une nymphe ; mais tu sais l’artifice des amants. Nous disons Francine au lieu de Françoise, Diane au lieu d’Anne, Hyante au lieu de Jeanne, Helène au lieu de Madeleine, Armide au lieu de Marie, Elise au lieu d’Elisabeth. Ces noms anciens sonnent bien mieux que les nouveaux dedans la bouche des poètes.
(éd. de 1663, p. 15)