Dans son « Epître chagrine au Maréchal d’Albret » parue en 1659, Paul Scarron avait dépeint le personnage de la prude sous un jour semblable :
Vous en serez, vous dont la chasteté,
Remplit l’esprit d’une sotte fierté,
Qui prétendez qu’aux pudiques Lucrèces,
Il est permis de faire les diablesses
Et que pourvu qu’on garde son honneur,
On peut n’avoir ni bonté ni douceur.
(éd. des Oeuvres de 1786, p. 173)
Le héros d’une des histoires enchâssées du roman Tarsis et Zélie (1665) de Le Vayer de Boutigny connaît le malheur d’épouser une de ces « honnêtes diablesses » :
Ce qu’il m’est permis de vous dire, c’est que toute sage, toute pieuse, toute attachée à son mari et à son ménage, toute vertueuse enfin que fût Esinie, elle sut consacrer toutes ces vertus pour m’en faire une persécution et un supplice : en forte qu’après six années de patience de ma part, elle a eu le secret de me rendre ma maison insupportable, et de me la faire abandonner.
(éd. de 1720, p. 324)