Pour la coquette Artelinde, dans Le Grand Cyrus (1649-1653) des Scudéry, la séduction qu’une femme exerce auprès des galants relève également d’un « secret » jalousement gardé :
Non non, reprit Artelinde, ne vous y trompez point : je partage trop mes faveurs, pour en pouvoir accabler personne : et si je n’avois pas peur que vous me dérobassiez mon secret, et qu’il ne vous prît envie de vous en servir ; je vous découvrirais le fond de mon coeur, afin de me justifier dans votre esprit. Mais, ma chère Cléonice, ajouta-t-elle flatteusement, je crains que si je vous découvre tout ce que je pense, je ne détruise moi-même mon Empire. Car enfin s’il vous prenait envie de joindre un peu d’adresse aux charmes de votre beauté, je serais absolument perdue : puisque infailliblement tous mes amants seraient les vôtres. Vous êtes si accoutumée à les flatter, reprit Cléonice, que vous flattez même vos amies sans y penser : mais, Artelinde, ce n’est pas là ce que je veux. Cependant pour vous mettre l’esprit en repos, je vous déclare que je ne me servirai jamais de votre secret : c’est pourquoi ne craignez pas de me dire vos raisons.
(Partie IV, livre 3, p. 2497)