Le refus de la réponse aux insultes est un comportement qu’invitent à adopter des textes dévots tels que
– L’Imitation de Jésus-Christ (1656) de Pierre Corneille :
Tu ne prendras jamais le mal qu’ on dit de toi
Que pour un son volage et que le vent emporte.
Il faut de la prudence en ces moments fâcheux ;
Et celle que je veux,
Celle que je demande, est qu’ on sache se taire,
Qu’ on sache au fond du coeur vers moi se retourner,
Sans relâcher en rien son allure ordinaire,
Pour chose que le monde en veuille condamner.
(III, 28, « Contre les langues médisantes »)
Quand on souffre pour moi les injustes discours,
La plus dure souffrance a de charmants retours,
Qui sentent la béatitude :
L’ humble qui se confie en son dieu plus qu’ en soi
Jamais n’ y trouve rien de rude,
Et relève d’ autant son espoir et sa foi.
(III, 36, « Contre les vains jugements des hommes »)
– les Maximes spirituelles pour la conduite des âmes (1670) de F. Guilloré :
Chapitre I
Le silence à ne pas se justifier sanctifie les actions et les calomnies
[…]
Je dis donc que ce refus de justification rend les accusations et les calomnies souverainement sanctifiantes, parce qu’en cela vous faites à Dieu le plus noble de tous les sacrifices, qui est celui de votre réputation.
(éd. de 1675, p. 346)