Les expressions « ardez » et « l’on fricasse » sont utilisées dans le langage comique des contemporains de Molière pour imiter le langage « populaire ».
Ainsi dans :
– Le Pédant joué (1654) de Cyrano de Bergerac (1)
– Le Baron de la Crasse (1662) de Raymond Poisson (2).
L’effet sera imité par la suite dans
– La Noce de village (1666) de Brécourt (3)
– Le Comte de Rocquefeuilles (1669) de Nanteuil (4).
Il apparaissait déjà dans une chanson recueillie en 1640 dans La Comédie de chansons (5).
(1)
MANON :
Quel démêlé donc, mon pauvre Jean, avais-tu avec ce capitaine ?
GAREAU :
Ardé tenez, c’est tout fin dret comme ce grand Cocsigruë de Monsieu du Meny
(Oeuvres diverses, 1654, II, 3).
(2)
Ici, c’est pour lui, l’on lui fricasse
Je lui ferai laide grimace
(Poisson, Le Baron de la Crasse, scène 5)
(3)
COLIN :
[…] Ventregué dans l’honneur
Je suis pis qu’un démon, car rien ne me fait peur.
Comme dit l’autre on za biau prenre une fumelle,
Margué n’en prend tourjour queuque mâle aveuc elle.
NICOLAS :
Ardé le grand malhûr.
COLIN
Et bonhûr si tu veux,
Je ne veux point porter les cornes si je peux.
(Brécourt, La Noce de village, 1666, sc. I)
(4)
Ardé donc qu’il a bonne mine
Avec son gratin de cuisine.
(Nanteuil, Le Comte de Rocquefeuille, 1669, sc. IV).
(5)
Ardez, c’est la fille à Piarre
Qui lui fait toujours la guarre.
(La Comédie de chansons, 1640, p. 9)